Sur les chemins

Invité

Le jour se levait à peine et il faisait froid. Bien emmitouflée dans sa chaude cape, Cyrillia laissait sa monture aller au pas. Toute la nuit, elle avait chevauché, sans répis, au travers des campagnes, pour être en ville à l'aube. Qu'est-ce qui l'avait poussée a éreinter sa monture pour atteindre Hortonur en même temps que le soleil ? Elle n'en savait rien, il fallait qu'elle soit en ville à l'aube, c'était tout ce qui importait. Elle avait quitté Alleris une semaine auparavant, quelle bouffée d'air ç'avait été que de quitter les sombres forêts elfiques... Si quelque part en elle, une trace de tristesse persistait à la remuer quand elle pensait à sa mère, ses pensées étaient de toute façon trop occupées pour se laisser aller à ce genre de faiblesse...

Mais voici que la grande cité des humains se profilait au loin, encore floue dans la brume et le pâle soleil de l'aube. Les oiseaux chantaient, quelques paysans vaquaient à leurs occupations dans leurs champs, un môme braillait et... Etait-ce possible, si tôt ? Elle porta son regard droit devant elle, une forme sombre se mouvait bel et bien sur le chemin, là, en face. Les sabots du cheval frappaient avec fermeté le sol terreux et produisait le bruit si caractéristique d'un cheval lancé à bride abatue. Un leva un soucil et posa la main sur la garde de sa rapière, avant d'arreter son cheval au milieu du chemin.

Quel genre d'homme était celui qui quittait la capitale de cette manière, et à cette heure ? Un observateur non-averti aurait pensé à un messager, mais le cavalier semblait trop incertain... Surtout dans les regards discrets qu'il jettait derrière son épaule. Il ou... elle. Maintenant que le cavalier approchait, le doute parcemait son esprit. La capitale semblait calme... Elle voulait savoir ce qui s'était passé. Elle aimait bien, d'ailleurs, savoir tout ce qui se passait, partout... Ca lui était toujours utile.

" Holà ! Cavalier ! Ou vas-tu ? Et quel diable court derrière les sabots de ta monture pour que tu te lances à une vitesse pareille dans la brume ? "

Sa voix avait tonné, forte, dans le silence du matin.

Invité

Jaïne retint un rire lorsque les gardes de la cité cessèrent de la poursuivre, essouflés, les mains sur les genoux. Lorsqu'elle passa la portes, elle leva une main et baissa sa capuche. Elle ferma les yeux et sourit, laissant le vent jouer avec sa chevelure, achevant de la réveiller.
Elle venait de voler son petit-déjeuner à un boulanger qui commençait à étaler sa marchandise. Il avais sonné l'alerte mais bien trop tard, la jeune fille avait déjà sauté sur son cheval et, le talonant, partie à toute allure vers la campagne.

Une voix la sortie de sa rêverie et du plaisir que lui procurait l'air du petit matin sur son visage. Elle ouvrit donc les yeux, et tenta de se souvenir de la question posée. Lorsqu'elle y parvint, elle répondit.

- Aucun diable ne me poursuit, je goûte simplement a l'ivresse de la vitesse et de la fraicheur de l'auble. J'avais dans l'idée de m'offrire un dîner digne de ce nom ce matin.

Invité

Cyrillia sourit, quelle manière poétique de décrire le vent qui vous fouettait le visage et un vol chez un pauvre boulanger. Elle remua la tête, dégageant sa longue crinière de cheveux blonds cendrés pour pouvoir détailler à l'aise la cavalière qui lui faisait face. Une elfe heureuse, de toute évidence. Cette simple constation lui arracha son sourire amical, ses yeux se firent plus sombres, emplis de la méprise que lui inspirait sa propre race. Quel mauvais retour en Hortonur, que de découvrir une elfe sur son chemin...

" Quelle imprudence que de dévoiler vos faits au premier passant venu... "

Sa nervosité s'était transmise à sa monture, qui trépignait, à présent. La jeune femme posa une main apaisante sur l'encolure ce qui n'eut pour effet que de l'énerver encore plus. La jument s'ébroua et recula de quelques pas. Cyrillia marmonna d'un air agacé, alors qu'elle s'imposait le calme, qui se transmit aussitôt à sa monture, qui cessa de marteler le sol. L'elfe reporta son regard sur la voleuse, attendant sa réaction.

Invité

Jaïne sourit mélancoliquement en se rendant compte que son interlocutrice était une elfe. En effet, elle-même semi-elfe, elle n'avait quasiment jamais connu ce peuple, qui pourtant faisait partie de ses racines.
Son père lui avait pourtant longtemps dit que les Elfes étaient des créatures égoïstes, hautains et pour reprendre ses paroles, " coincés et incapable de s'amuser convenablement ". Bien que désireuse de faire connaissance avec sa famille maternelle, elle n'avais jamais franchis le pas, les dires de son père résonnant avec comme un accent de vérité à ses oreilles.
Elle passa une main dans ses cheveux pour repousser les mèches éparses qui retombaient sur son visage et répondit simplement:

- La prudence n'a jamais fait partie de mes traits de caractère.