Le Serail d'Onyx [taverne]

Déambulant d'un pas lent, se faufilant à travers la cohue qui s'agitait dans les rues, ne jettant qu'un furtif regard à la masse immaculé qui les frolait grâcilement, le spadassin pénétra dans un établissement portant directement sur les ruelles malsaines de l'esquisse de cité qu'était Jilladr, la ville mirage. S'avançant à une table, un grand être, dissimulant son corps massif dans de typiques trousses, jusque là acoudé près du poste qu'occupait le gérant vint s'asseoir avec l'assassin, alors que tous les regards présents dans la salle se détournaient, et qu'un léger brouhaha continuait d'emplir le bâtiment.
"Cela faisait si longtemps, mon ami..."
"Passe ces fioritures. Je me serais attendu à ce que tu reste auprès d'elle..."
"Il n'en a pas voulu ainsi, malgré mon mécontentement. J'ai tenté de la protéger, mais je te laisse deviner pourquoi je me trouve désormais ici."
"Et maintenant il se fait bien tard. Il la traque, et le trône est vaquant..."
"Les Gwegens et Hekets te sont toujours fidèles, mais ils commencent à se jalouser."
"Ils ne le feront tant que je serais de ce monde. Tente de la retrouver, pour ma part je vais voir mes vieilles connaissances. J'ai un trône à reprendre, mais ça ne pourra se faire sans elle, Julius..."
Saluant le spadassin, le grand homme, le visage dissimulé sous une lourde capuche, tendit sa main à Khamsin, et échangea une poignée de main, tout en laissant à l'assassin un présent dans sa paume.
"Tu pourrais en avoir besoin. Jusqu'à la mort..."
L'homme partit, precedant le spadassin, dont l'attention demeurait retenue par quelques pétales que le colosse avait déposé dans sa main, et que Khamsin n'avait de cesse d'admirer en poussant la porte de la taverne pour revenir dans les rues insalubres.

Assise d'un coin, toute de noir vetue, Yria tappotait nerveusement la table en bois. Un simple verre face à elle, vide, elle reflechissait à tout ce qui s'était passé. Les sentiments qu'elle eprouvait étaient tous confondus : haine, tristesse, joie, peine, colère...
Posant ses coudes sur la table, se prenant la tête entre ses mains, elle observait son verre, le regard plutôt dans le vide. Pas facile tout ca...

Trois hommes en burre blanche firent irruption dans l'établissement, au moins l'un des plus fameux, assez pour qu'ils ne furent saisis et égorgés par les pillards arpentant habituellement les rues, et passèrent, courbés, devant le gérant. L'un s'avançant vers le gérant de la taverne, il apposa quatre pièces qui tintant aux oreilles de l'homme vinrent dans la paume qu'il apposa avidement dessus, adressant un hôchement de tête au religieux de tête, dont les lèvres se mouvèrent, mais ne laissèrent paraître nul son qui fut assez haut pour tenir la note aux clients forts bruyants y demeurant. Ses deux acolytes demeurèrent silencieux, puis vinrent s'asseoir à une table, s'avançant nonchalament, jusqu'à ce que sur leur parcours, l'un d'eux ne renversa une chopine mal disposée sur l'une des tables, qui chut et se brisa clairement en laissant échapper son liquide sur le sol déjà couvert de sable du bâtiment, disparaissant en laissant une marque absconse sur les sols. Se rattrapant de sa maladresse, le fautif tout en s'excusant humblement envers une demoiselle que la chute de la choppe avait éclaboussée, apposa sa main sur la table adjacente, délaissant un billet furtivement disposé à proximité du verre que la cliente toute de noire vêtue semblait enserrer avec force.
"Suivez-les, répondez au djinn, et Kash-la vous éclairera, Lorna-Shamsa."

Levant les yeux vers son interlocuteur, Yria esquissa un mince sourire. Rabaissant les yeux, elle gardait tout de même un oeil sur les hommes en burre blanche. Les suivre... Pourquoi pas ? De toute façon, pour le moment, elle ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre... Rajustant legerement son capuchon, la tueuse observait à travers le verre de la table voisine ses cibles...

L'homme ayant mené les ecclesiastes demeurait auprès du gérant de l'établissement, mais apposant un furtif regard vers ses acolytes eut un soubresaut, que même le tenancier ne put distinguer. L'homme en burre blanche fit revenir son regard vers le comptoir, puis le fit basculer vers la vitrine de l'établissement, révélant les rues, séparées de l'établissement par quelques étais en bois faisant office de barreaux, de cette ouverture encastrée dans la cloison laissant un léger filet d'air et de bruit rentrer dans la taverne, puis sur l'instant délaissa le gérant, s'approchant du palier de l'auberge l'air de rien, jusqu'à ce que l'acolyte qui déposa le billet ne découvre l'individu. Abandonnant le dernier religieux, l'homme fondit jusqu'au moine démissionaire, et faisant paraître de sa burre une lame courte et courbée la passa sous la gorge de l'homme, pulsant rapidement quelques gerbes de sang venant souiller la dague rutilante à la lueur du jour paraissant depuis les façades exterieures, captant la lueur du Soleil. N'attendant davantage, le meurtrier, la lame retournant à la pièce de tissu cerclant ses hanches, emprunta en courant le seuil de l'établissement, le fuyant alors que la stupeur se saisissait des clients, ébétés devant pareille scène, demeurant impressionante même en cette esquisse de cité.
*Kach Mizha!!*

Observant la scène avec attention, la tueuse se releva une fois que l'acte fut fait. Laissant quelques pièces sur sa table, elle sortit par l'arrière de la taverne. Inutile de se faire remarquer maintenant... Une fois dehors, elle emprunta le direction que le meurtrier avait prise, puis, se glissant dans les petites ruelles, qu'elles connaissaient à présent, elle parvint sans grande difficulté à le rattraper. Sortant son poignard, elle l'attira vers elle dans une ruelle plutôt sombre, le soleil ne penetrant pas en son sein, et, le plaquant contre le mur, sa lame sous sa gorge, elle lui fit un mince sourire.
"Dis moi très cher, ce meurtre... Que t'a-t-il donc apporté ?"

"Vous n'avez pas à le savoir, Shamsa, ce sont les affaires de Jilladr. Lâchez votre prise."
Serrant les dents, le meurtrier, une cagoule de religieux sur la tête, laissant seuls ses yeux, joues et lèvres visibles, ne prit peur de la femme, et lui répondit sans sourciller, bien que sa figure demeura toujours sereine, et son ton calme, loin des injures qu'un homme eut vociférées en telle situation. Capable au moins d'échapper à la prise de la tueuse, l'homme tenta auparavant de laisser la femme le relâcher de son propre chef, n'ayant pris le risque d'être repéré tantot pour la saborder de lui-même, dans un mouvement d'humeur.

Jilladr... Lachant un soupir, Yria relacha sa prise, gardant toutefois son poignard en main. Elle n'était pas Sorel, elle ne pouvait être comme lui, il fallait qu'elle se le dise...
"Un meurtre sous les yeux de plusieurs personnes, ce n'est pas futé, sauf si avez tenus a vous faire remarquer, car dans ce cas, c'est réussis."

"Cette ville n'est pas sous votre joug, Shamsa, mais un ordre y règne tout de même. Notre Maître nous a confié une mission, et nous veillons bien à l'accomplir, Hashashyoun."
Apposant sa main sur sa gorge, le meurtrier parlait alors qu'il tâtait la zone où avait été appliquée l'arme, laissant présager que si ce n'était apparent devait demeurer une trace, sous cette burre. Ne réagissant pas aux reflexions de la souveraine, l'assassin remettait ses trousses en ordre, ôtant les pièces de celles-ci imitant les vêtements des religieux auquels il s'était mêlé.
"Le seigneur Maeshek avait raison, toutefois. Faîtes attention Shamsa, cela sera d'autant plus difficile, désormais."

Haussant un sourcil, Yria fit en sorte de se souvenir de cette phrase à l'avenir.
"Je n'en doute pas..." fit-elle simplement.
S'adossant au mur, la tueuse se mit à jouer avec son poignard. Toujours reflechir, tant de choses... Comment faisait-il ?...

"Il vous attend en ses terres, Lorna-Shamsa. N'attendez pas de trop, ou les maîtres vous trouveront. N'entachez pas nos noms par votre inconscience, je vous prie."
Dubitatif devant la distance que semblait prendre la tueuse, le meurtrier arborant à nouveau ses trousses de Tallin salua de la tête la souveraine, tant humblement que brièvement, et reprit sa course, alors que des voix résonnaient à quelques rues, proférant des menaces dans la langue chantante de l'esmerien et non du burdinuisien.
"Alaikum Sâlam, Shamshir."

"En ses terres ?..." fit la tueuse à mi-voix, observant le meurtrier partir...
Encore... Elle l'avait tant attendu, et il était revenu... Puis il est repartit, encore... Baissant les yeux, Yria n'avait plus qu'une chose à faire : partir d'ici, loin... Non, pas fuir, mais simplement...

HS : pardon... je suis pas en forme...

HJ:
o Khamsin/Sorel , assassin haut gradé, souverain, jamais appelé 'meurtrier'(=> insulte)
o Assassin lambda de Tallin , trouffion de base du clan, factotum de Maeshek, peut être appelé 'meurtrier'(=>vu son grade, il s'en fout)

(des fois que la police t'échappe, enfin de ce qu'il me semble...)

HJ : pardon...