Filant le long des côtes, à bonne distance des premiers contreforts qui se dressaient face à la mer, sous l'égide d'un noir manteau nuageux couvrant le ciel duquel seule une pâle lueur lunaire apparaissait, illuminant les cieux d'une si singulière façon que les regards préféraient s'y attarder à la défaveur des eaux sombres, une embarcation naviguait dans le silence le plus total, le remou des vagues ne provoquant pas même un clapotis, tant la barque naviguait paisiblement. Se tenant à la proue de l'embarcation, le chef de la troupe observait dans un mutisme total les côtes qui défilait sous ses yeux, se détachant de la pâle noirceur de la nuit par quelques flambeaux tendus tout le long du rivage, mais qui ne suffisaient à apporter assez de lumière aux sentinelles qui y étaient postées pour qu'ils purent distinguer les bandits, dont le navire s'approchait délicatement des côtes. Les vagues léchant légèrement la coque du bateau, alors que celui-ci prenait en vitesse et que la distance le séparant du rivage s'amenuisait, Benelos se saisit de la masse qui tenait pendue à son dos, et murmura quelques mots, alors que le tumult de lames se défourrant commençait à s'élever de l'embarcation en même temps que le metal était brandit à l'air libre et finement salé qui stagnait autour des côtes.
"Plus que 60 pieds. Vous avez interêt à être prêts, pas le temps de s'arrêter, on doit percer à travers les terres. Y'a une forêt, et une clairière, à moins d'un kilomètre. Si on y arrive, les gardes pourront pas nous suivre, mais avec un peu de chance il nous suffira de briser quelques crânes pour y parvenir sans trop de problèmes."
Laissant échapper un rire collectif emplit de sadisme qui parut n'être lui-même qu'un murmure, les brigands se tinrent parés, jusqu'à ce qu'enfin le navire, fait de pièces de bois bruts, n'heurte le rivage en un choc sourd, mais peu discernable. Mettant tous pied à terre, aussi discretement que cela fut possible, s'il est admis qu'une horde d'une vingtaine de brigands dont une partie dépassait les 84 pouces puisse se mouvoir furtivement, les bandits s'avancèrent vers un poste de garde où nulle torche ne brillait, ce qui avait dès lors permis au capitaine de la troupe de repérer le point de passage. Franchissant la crique où se dressait le poste, les brigands, la femme en éclaireuse, discernèrent la lueur d'un feu, puis bien vite une solde.
"Ils sont bien là, Keil."
*Oui, ils se tenaient donc en retrait, par peur des naïades, ces porcs...*
Tentant du mieux qu'il pouvait de s'approcher du campement instauré par la garde, Benelos ne laissa échapper nul son, jusqu'à ce que le vrombissement de l'acier lourd fendant l'air ne se fasse entendre, et que le crâne d'un des soldats ne soit réduit en morceaux par la lourde masse ensanglanté que brandissait le chef bandit, sonnant l'assaut. Apparaissant des ombres, les bandits, brandissant marteaux de guerre, haches au tranchant luisant à la chaleur des flammes dansant au centre du campement ou épées tendues pointes vers l'avant, fondirent sur la garnison, qui, tant surprise qu'effrayée, fut massacrée sans ambages. Prenant le temps de mettre à sac le campement des soldats, Benelos et la troupe de brigands, après avoir commis quelques larcins dans le camp dévasté, se mirent en route sans tarder vers les bois, veillant à rester dissimulés dans les ténèbres alors que la Lune cèderait sous peu sa place au Soleil, les mettant à découvert.