Les rugissements de l'imposante bête furent coupés par le vrombissement subtil de traits, s'abattant et perforant déjà la chair alors que les vibrations de leur fût parvenaient aux oreilles du chef brigand impassible, jetant son regard à l'encontre de l'escorte en armure s'éffondrant alors que des silhouettes paraissaient, tête de flèches levées vers les cieux, au loin depuis les collines, l'une plus élancée dominant la scène. A une vitesse fulgurante, alors que sa masse fendait les airs, précédant les bandits l'imitant en sortant des fourrées, Benelos, l'oeil torve apposé sur le charnier apparaissant non loin et son éternel rictus déformant un visage inexpressif bondit sur les sentinelles demeurant interloquées, prises en tenaille sur tous les plans, contournés par arbalétriers et massifs ogres exhultant, et pis saisis par la surprise de voir ce dragon si imposant, détournant leur attention de la voléée qui succédant vint les frapper de plein fouet, à laquelle succédait l'effroi de la vision, la horde enragée s'élançant contre le convoi, vite réduit à des montures flancs arrachés et cavaliers éventrés voire décapités, quelques pleurs déments s'élevant depuis quelques carcasses rougeoyants sous les frappes du Soleil témoin de l'horrible spectacle. Les hommes d'armes gésissant ou prostrés, une femme aux trente ans claironnés, les jupons maculés du liquide écarlate ruisselant des dépouilles ainsi abandonnées, se tenait agenouillée face au sombre darkhùn, ses yeux aux contours teintés de sang fixant avec dédain la pathétique figure les joues rosées et parcourues de sillons glacés tracés par des larmes.
"Ne me tuez pas, j'ai des enfants, ils ont besoin de moi. Nous n'avons rien de plus !"
La tête de son imposante arme reposant au sol, Benelos ne tarda à assombrir son regard, et balancer son poignet vers l'un des charniers s'élevant en un macabre monticule à quelques pas des deux silhouettes, vers lesquelles se tournaient les regards de tous les malfrats en place.
"Vois tes enfants alors, ils gisent parmi eux, leurs membres se mêlent à ceux des deux dizaines de soldats qui entouraient ta cariole. Eux morts, il est vrai que tu n'as rien de plus."
Ne considérant qu'un hoquetement de chagrin s'élevant de la frêle gorge se présentant à lui, signifiant le désarroi incommensurable détachant toute pensée du corps de la donzelle, le brigand passa son poignet sur son flanc, et fit jaillir d'un fourreau se confondant avec ses braies une dague qui fila tant rapidement que ne parut qu'une ultime lueur des yeux dans lesquels se plongeait Benelos, concordant à l'instant près avec le filet de sang jaillissant aux dernières pulsations du coeur meurtri de la Darkhùn. S'éloignant du cadavre, jetant un regard aux bêtes difformes se tenant alentour en signe de négation conssenti accueillit sans rechigner par les bandits, l'homme vit venir à sa rencontre la frêle silhouette de tantot, à laquelle il s'adressa sans détour, haussant le ton, sa voix demeurant toutefois pleine de cette neutralité des plus insoutenables en telle occasion.
"Elle disait vrai, on pourra pas tirer bien plus que ce butin, juste de quoi entretenir ces soldes, le voyage et un petit pécule, la prendre en otage n'aurait servi à rien, pas plus que ses bâtards."
Le regard de l'humaine se détournant, Benelos se tourna ainsi vers trois bandits à la figure noire et fangieuse, se tenant accroupis près d'un des monticules arrosé de sang.
"Touchez pas aux gamins, ni aux femmes. Kahlty, prends-en quelques uns, un peu de barbaque, ce sera ça de moins à trouver en nourriture. Pour le reste, nous n'avons pas besoin de prisonniers..."
Rejetant son regard, observant furtivement la brigande passer sa main devant ses lèvres, retenant une expression de dégoût, Benelos entendait déjà de ces rires cruels s'élever dans son dos, et quelques charniers étant remués par quelques colosses dont les pas faisaient trembler légèrement le sol, des cris de terreur s'exhalèrent également d'un des tertres, dont étaient tirés quelques soldats et valets encore vivants, dont se moquaient les monstres, exhultant alors que des pals se dressaient devant les brasiers prenant des cadavres délaissés près du sentier couvert des deux collines. Délaissant la scène de quelques pas, le Darkhùn releva un trait d'esprit d'Epharr, portant ses yeux bleus clairs vers le dragon dressé à quelques mètres, dissimulé gauchement par l'arbre auprès duquel Benelos s'était abrité avant la session de pillage.
"Bravo Pajar-Keil, je dois avouer être impressionnée. Lorsque tu me disais pouvoir trouver un leurre pour ces porcs en armure, je ne pensais pas que tu trouverais un dragon. La moitié des sentinelles ont été descendues sous la première volée grâce à ce stratagème, impressionant !"
Le ton sarcastique de l'humaine fit réagir Benelos, qui dès lors se tourna vers le monstre draconique, toisant la créature en laissant présumer quelque reconnaissance.
"C'est vrai, malgré la chance, ta présence a quand même eu son utilité, dragon. Peut-être veux-tu une récompense, enfin cette barbaque saurait déjà te récompenser, si tu veux que nous te l'abandonnions..."