Des soins, et vite

Une bonne demi-heure après, la jeune femme était enfin parvenue chez elle. Ayant demandé l'aide de son fils aîné pour transporter l'inconnu dans sa chambre, elle l'avait déposé sur son lit, et était maintenant seule avec lui, ne désirant que ses fils voient comment elle allait le soigner.
Assise sur le lit, un bol d'eau chaude à côté d'elle dans lequel baignait une bande de tissus, la jeune femme observa les blessures de l'homme. Les deux flêches etaient encore dans sa chair, et lachant un souffle, elle decida de les enlever. *Je n'ai pas le choix...* En prenant une, elle tira d'un coup sec. L'homme poussa un gémissement, mais la jeune femme n'en tint pas compte, enlevant l'autre dans la foulée. Se precipitant alors vers la bande de tissus, elle s'empressa de l'essorer, et d'enlever le sang qui coulait. Bien sur, ca ne cessait pas de couler. Prenant alors une aiguille et un fil, la jeune femme se mit à recoudre la première plaie avec soin. Une fois fait, elle fit un bandage afin de s'assurer que ca tiendrait. Recousant la deuxième plaie, elle fit de même. Les mains pleines de sang, elle se les lava dans un sceau, puis revint vers l'inconnu, un pot en terre dans la main. Posant ce dernier sur le chevet, elle alla chercher quelques plantes, et les ecrasa, formant une mixture, qui ne l'interessait pas. Renversant le pot dans un verre, elle bloqua la mixture avec ses mains, ne desirant qu'en recolter le jus. Une fois fait, elle s'empressa de le faire avaler à l'homme. Reprenant un bout de tissus, qu'elle mouilla d'eau fraiche cette fois-ci, elle lui épongea le front. Se décidant à lui enlever son haut, elle remarqua plusieurs coupures. Prenant cette fois-ci la mixture un peu pâteuse, elle l'appliqua sur les différents plaies. Rangeant enfin son matériel, elle resta assise auprès de l'inconnu, continuant de mettre un peu d'eau fraiche sur son front.

*Cette... langueur... Mais... Des mains pâles??*
Saisi d'une ébauche de convulsion, l'assassin lâcha alors que ses membres s'agitaient soudain et brièvement un souffle, paraissant succédant à un ultime abandonné depuis fort longtemps déjà, et les yeux ouverts, s'affolant sur un visage tendu par la stupéfaction et miné par un rictus de douleur, balayant toute la pièce, s'attardant sur les mains fines maintenues appliquées sur son front, puis suivant du poignet aux épaules les lignes de ce bras blanchâtre s'arrêta sur le visage de cette créature, dont le spadassin confrontait le regard, définitivement arrêté sur l'être se tenant à ses côtés.
"Ce... Lâche-moi. Que signifie, où suis-je?? Tu n'as pas le teint hâlé des heres du désert, ets-ce encore Hortonur? Es-tu une catin de Sereth, ou une prostituée amène du quratier Sud? ca ne ressemble déjà pas aux geôles, sheik, où est-on, femme?"

Observant l'homme plutôt agité, la jeune femme ota sa main et le tissus mouillé de son front, et lui répondit.
"Calmez-vous, nous ne sommes plus en Hortonur même, mais pas très loin cependant. Vous vous devez de reprendre des forces, vous ne tiendrez pas bien longtemps sinon..."
Préférant ne pas s'attarder sur le vocabulaire que l'inconnu avait utilisé, la femme se releva, et lui apporta de l'eau.
"Buvez, ca vous fera du bien. C'est de l'eau de source, et il n'y a aucunes drogues dedans. Si vous y tenez, je peux en boire une gorgée pour vous montrer."
Posant le bol sur la petite table de chevet, la jeune femme reprit.
"Vous etiez mal en point, je vous ai donc soigné."

"J- Je n'ai pas d'argent. Pas de devise en vigueur dans votre royaume, pas la peine de vous illusionner, guerisseuse..."
Portant son regard sur la femme et le bol qu'elle apposa à proximité, encore à demi haletant, l'assassin sentit ses forces se dérober, mais constata son état misérable, détroussé tel qu'il était alors que cette hortonurienne usait de précautions tirant un soupir hors des lèvres blémissantes du spadassin, accordant un oeil torve à celle se disant sa sauveuse, qui ne s'affairait que trop auprès de Khamsin, dont les forces demeurantes le tiraient sur sa paillasse à plus longue portée de la femme.
"Buvez donc votre décoction si cela vous chante, si vous jugez son économie dispensable. Cela m'étonnerait, si vous marchandez vos services illusoires au premier idiot ven-"

Soupirante, la jeune femme posa sa main sur l'épaule de l'inconnu, le poussant legerement mais fermement à rester allongé.
"Arretez vos sottises, je ne me fais pas payer pour les soins que je fournis. Et vous devez vous estimer heureux d'etre en vie, homme. Les soldats vous auraient embroché sans se poser de questions. Maintenant, reposez-vous, et cette décoction n'est autre que de l'eau clair et fraiche, qui vous hydratera et vous fera du bien. Maintenant, si vous voulez que je vous dise, vos blessures n'etaient pas très jolies à voir. Elles auraient put vous être fatales, mais si vous désirez mourir désseché, à votre guise. Tachez seulement de ne pas salir les lieux plus qu'ils ne l'ont déjà été pas votre sang."
Se relevant, la jeune femme ouvrit legerement la fenêtre pour faire entrer de l'air frais.
"Oh, et je vous déconseille de partir dans votre état. Vous etes en sécurité ici, reposez-vous au moins. Le diner sera bientôt pret, si vous desirez avaler quelque chose..."

*Sans mes trousses, à demi-nu, où me crois-tu capable d'aller, hortonurienne?*
La jeune femme se déportant, l'assassin se resaisissait, conservant son rictus trahissant la sensation du bris de la chair sous les poignards entaillant et enflammant de leur lames ampoisonnées les plaies apparaissant au spadassin, rejetant son regard vers son hôte, et, hésitant, se saisissant du bol qu'elle avait apposé, prenant quelques gorgées du liquide gelant sa gorge en s'écoulant, responsable d'un hoquetement de Khamsin dès les lampées passées, et reposant l'auge l'assassin demeura silencieux, toisant chacun des mobiliers ici disposés, avant de revenir à la guerisseuse, sa gorge s'enserrant alors qu'il articulait quelques mots de ses lèvres encore engourdies.
"Pas un de ces chiens n'était paré à me prendre, alors qu'aurais-je perdu à crever... Enfin merci tout de même, hortonurienne..."
*Non, je l'aurais perdue, elle... Oui, merci, brave femme...*
"Sais-tu au moins pourquoi aucun de tes frères n'a voulu me prendre? Tu es bien singulière si malgré cela tu m'as tout de même épargné..."

Affichant un leger sourire, la jeune femme répondit avec le plus de clarté possible.
"Et bien, déjà, vous etes tombé dans ma charrue. Ensuite, je vous ai fait passé pour mort, ce qui était assez facile à croire vu votre état et le sang que vous avez étalé un peu partout. De plus, les gens savent que je suis honnête, ils m'ont donc crus. Disons que vous etes tombé dans la bonne charrue, le hasard est parfois bien calculé... Vous êtes assassin, je l'ai desuite remarqué... Mais peut importe, je ne sais ce qui m'a poussé à vous sauver, mais ce qui est fait est fait, et je n'epprouve aucuns remords."
Ouvrant la porte qui donnait sur le reste de la maison, et notamment le petit salon, la jeune femme reprit.
"Tachez de ne pas trop forcer au niveau des blessures, bien que je les ai recousues, vos plaies sont encore bien fragiles. Mangez, et reposez-vous. Vous irez beaucoup mieux après, une fois que votre organisme aura récupéré."
Sortant de la chambre, la jeune femme se dirigea vers sa cuisine, et finissa de preparer le plat.

{FinIT, heureusement que ce ne sont des hortonuriens que perça la culture.}

"Je saurai me remettre, merci bien. J'espère ne pas avoir abîmé votre charrue, je vous accable déjà bien assez..."
Faisant résonner sa voix d'autant que lui permessait sa gorge, encore empreinte de la faiblesse de l'assassin d'autant que l'effet de la boisson s'écoulant tel du bris de verre glacial sous les coups de sa glotte, il s'assit sur sa paillasse, et observa la silhouette lointaine de la guerisseuse, lui accordant un oeil torve, ne se détachant que lorsqu'un des rais de lumière perçant à travers l'ouverture qu'avait dégagé l'hôte disparut momentanément, s'effaçant un instant que retint le spadassin, avant de poursuivre, mesurant l'état de ses blessures en les tordant sous sa chair s'animant.
"Quelque amène que vous soyiez, vous n'en avez pas été moins imprudente, hortonurienne. N'est qu'un pas d'assassin à meurtrier, d'un salut à une lame apposée sur la gorge, de même qu'à un hors-la-loi à un bandit, qui vous aurait réservé un sort de près similaire, si ce n'est que ce fut votre vertu qu'il aurait pris soin de bafouer en premier..."

Souriant à ces propos, la jeune femme revint vers l'assassin, une assiette en main. Rien de mieux qu'un peu de viande pour récuperer. La tendant à l'homme, elle l'observa, puis lui répondit.
"Vous n'avez pas tors, mais je ne suis pas si stupide. Habituellement, je fais avaler à ce genre de blessés une drogue douce, les faisant dormir. Je peux ainsi m'occuper de leur blessures, et en général, je ne leur offre pas à manger, mais je les ammène près de la forêt et les déposent contre un arbre, leur donnant le contraire de la drogue afin qu'ils se reveillent plus vite cette fois. Bien sur, je fais ca une fois qu'ils sont dans la capacité de continuer tout seuls. Ne me demandez pas pourquoi avec vous j'ai réagis différement, mais c'est ainsi. Peut-être quelqu'un va-t-il avoir besoin de vous par la suite, et que ce sera important, je ne sais pas... Mangez."

"Cela fait tout de même une grande prise de risques, pour pallier à des maux dont mes congénères sont la cause, de bonne guerre, peut-être. L'un de mes frères du attaquer un brigand, l'une de ces petites frappes, maquereau dont pullulent les bas quartiers de la capitale de ce pays... Laissé à demi-mort, ce bandit trouva refuge chez un guerisseur, qui le remit sur pieds, lui permettant de se venger de son assassin dont l'assaut échoua. Assuremment, notre frère mort de la vendetta entreprise par ce brigand, nous offrâmes à ce ruffian cette mort qui lui était promise, mais il n'aurait dû en être ainsi, sans qu'une prétendue bonne âme ne s'en mêle."
S'égarant, les yeux s'apposant sur la pièce de bois encadrant la fenêtre d'où émergeaient les rayons flamboyants du Soleil dorant les plaines, l'assassin se reprit, n'en affichant pas moins un léger sourire, se ravisant lorsque son regard se déporta sur son hôte, brandissant cette pièce de viande que le spadassin refusa d'un hôchement distinct et obligé de l'homme, mais ne perdant les propos de la jeune femme, révélant une précision dans la manoeuvre familière chez les acolytes de Khamsin, balançant circonspect son regard alentour.
"Toujours est-il que vous n'avez pas que votre vie en main, c'est là prendre beaucoup de risques, pour ceux n'en valant la peine. Quelqu'un a peut-être besoin de moi, mais il en va de même pour vous. En mon cas toutefois, le choix ne m'est pas laissé. Peut-être est-ce là ce qu'un époux vous dirait..."

Le visage de la jeune femme s'assombrit lorsque le mot époux fut prononcé.
"Mon époux m'a fait trois enfants. Et il est partit. Voilà ce qu'il m'a dit, en partant : peut-être un jour tu seras de nouveau à moi, mais en attendant, une autre vaut mieux que toi. De belles paroles, qui sont restées encrées en moi pendant plusieurs années. J'espere que si vous avez une femme, vous ne la laisserez pas comme ca. Enfin, après tout, c'est votre vie..."
Laissant la nourriture sur une tablette, la jeune femme récupéra son sourire, mais plus difficilement.
"Reposez-vous, et restez autant de temps que vous le souhaiterez. Vous pouvez également partir à tout moment, mais comme je vous l'ai dit, il serait préferable que vous ayez une bonne nuit de sommeil. Si vous avez faim, vous pouvez vous servir. Il y a du pain et de l'eau, ainsi que des fruits."
Tournant les talons, la jeune femme retourna s'occuper de ses fils, dont le plus jeune qui commençait à râler.

"J'en tiendrai compte, hortonurienne... Merci pour cette attention, je n'abuserai plus trop longtemps de votre hospitalité, soyez-en assurée..."
Détaché, l'assassin n'en demeurait que plus dubitatif aux propos de la guerisseuse, à laquelle il n'accordait de regard bien qu'il demeurait sincère dans ses remerciements pour les sions de toute nature prodigués, alors que se saisissant de l'un de ces fruits qui lui fut porté, le conservant en bouche, le spadassin ne l'engloutisse en hâte, un léger rictus marquant son visage déjà obscurcit par la reflexion, dérangée par le goût demeurant dans la gorge de Khamsin, l'irritant intérieurement, bien qu'il n'en laissait rien paraître, malgré la solitude brisée par moments que par des éclats de la pièce adjacente, où s'affairait la femme avec ses bâtards.
*Maudits hortonuriens, avec leurs fruits si acides de leurs terres limoneuses...*
Le bris de sa reflexion par le dégoût que suscita le fruit que porta l'assassin à sa bouche ne dura qu'un instant, alors que l'organe battant dans sa poitrine sembla cesser un instant, durant lequel, son rictus s'accentuant, le spadassin porta la main à la poitrine, la pénétrant ainsi que pour se saisir de son coeur vacillant de ses ongles, alors qu'il jettait son regard perçant et fixe, les yeux grands ouverts et affichant en leur coin une larme, alentour, et saisissait une lueur se dégageant de ses trousses, dont il n'avait pu auparavant se saisir de visu.
*Y-ria?*