Repas

Assise avec à sa droite sa messagère, Clenalya mangeait avec politesse, bavardant quelque peu avec les membres du conseil de l'Hortonur. Elle était revenue dix minutes avant le repas, et avait donc eu juste le temps d'oter sa cape avant de passer à table. Une bonne heure après, le repas était enfin finit, et, posant ses couverts sur la tables, et joignant ses mains, Clenalya observa tour à tour les membres du conseil.
"Messieurs, mesdames, ce repas était bien agréable, mais, à présent, parlons un peu des relations entretenues entre nos deux royaumes."
Approuvant tous par un hochement de tête silencieux, tous posèrent leurs couverts, et un homme plutôt barbu prit la parole.
"Dame Clenalya, je tiens à vous rappeler que ce sont les elfes qui ont coupés les liens que nous entretenions jadis.
- Je le sais bien Sir, et si je suis ici ce n'est pas pour en rester là.
- Alors parlez, Reine, nous vous écoutons.
- Bien... J'ai deux propositions à vous faire. La première, tout d'abord, est assez culturelle. Je vous propose d'ouvrir de nouveau les frontières elfiques aux habitants de l'Hortonur, et de bâtir une université en territoire elfique, mais dont l'accès serait ouvert aux deux peuples. Les cours ne seront pas obligatoires, mais ca permettrait de former de nouveaux mages, ou autres. Les enseignants ne seront autres que des elfes et des humains ayant une experience prouvée dans leur domaine. Ainsi, tout pourra être étudié, sauf la magie noire, il se va de soit. Deuxièmement, je propose une alliance militaire afin que le peuple elfique s'engage à proteger le peuple de l'Hortonur contre toutes invasions, et vis versa. La parole vous reviens..."
L'ayant écouté parler avec attention, le conseil semblait surpris de ces propositions, et se retira tout en s'excusant, afin que les membres puissent déliberer entre eux.
"Que penses-tu de cela Alassëa ?"

L'elfe s'etait sentie d'humeur maussade pendant tout le temps qu'avait dure cet interminable repas, ponctue de phrases de politesse et d'hypocrisie toutes plus abjectes les unes que les autres pour elle. Elle n'avais pas participe a la conversation, ce qui ne lui ressemblait en rien, mais malgre cela, avait cache avec la plus grande des politesses le peu d'enthousiasme qu'elle mettait a assister a ce banquet de 'reconciliation' comme les habitants de l'Hortonur le nommaient. Cependant, pour la messagere, tout ceci n'etait qu'une vaste fumisterie. Revenir ici, de facon brutale, et facon a ne laisser que de courts moments de reflexions entre chaque visite ne lui semblait pas la bonne solution. En effet, plus que jamais, elle redoutait les tentatives de manipulations que tenteraient a coup sur d'executer Clenalya. Mais par respect, elle saurait se taire. Tous les membres du conseil n'etaient pas present. Le chef du conseil, Gelanor, etait bien evidemment venu, tout comme Finghin qui s'etait presente, tout comme Silenia, mais trop loin d'Alassea, elle n'avait pu engager une conversation interessante avec eux, et cela l'avait fait enrager pendant plus d'une demi-heure. Enfin, la comedie prit fin lorsque la reine des elfes annonca ce que sa messagere redoutait : les propositions en apparence allechante et interessantes pour les deux nations, mais qui, pour Clenalya, etaient pourvues d'un interet certain. Lorsque l'elfe regarda un a un les membres du conseil afin de remarquer leurs possibles reactions, elle remarqua seulement maintenant l'absence flagrante de Hernan. Alarmee, elle ne manifesta pas son trouble autre que par un crispement leger des poings. Finalement, tous se retirerent, ebranles par les propos de la reine des elfes. Restees seules, celle-ci lui demanda son avis. Elle resta un moment silencieuse, et porta sa coupe de vin a sa bouche, prenant tout son temps. La reposant lentement, elle tourna son visage vers son amie.

" J'ignore quel est ton but. Mais je ne suis plus sure de comprendre ce que tu fais... tu t'amuses avec eux. Ce ne sont que des pions pour toi. Et je ne pense pas que ce soit la chose la plus intelligente a faire. "

Surprise par les paroles de sa messagère, Clenalya eu un froncement de sourcil.
"Apprend à reflechir avant de parler Alassëa. Je ne m'amuse pas avec eux, ce n'est pas le but de cet entretien. L'unique but, pour l'instant, est de renouer des liens, voila pourquoi je compte les renouer avec l'echange et le partage de cultures différentes. C'est profitable pour les deux peuples, et plus pour eux que pour nous. Tu me déçois beaucoup, je ne pensais pas que tu avais une telle opinion de moi. Il faudra à l'avenir que je m'exprime à voix basse en ta présence, et que je te tienne à l'écart de mes songes. Oh oui, tu me déçois énormèment..."
Se levant de table, vexée, et enervée par de tels propos, la reine prefera se retirer à son tour, et demanda à un domestique de venir la chercher une fois que le conseil aura prit sa decision.

Alassea ne se retourna pas et ne regarda pas Clenalya partir. Si la reine etait vexee, ce n'etait pas son probleme. Tout le monde sait que seule la verite peut amener a blesser ainsi. De plus, ce n'etait pas dans sa volonte de mettre a mal la politique de son amie, mais simplement elle voulait comprendre vers ou ils allaient tous. Portant de nouveau sa coupe a sa bouche, elle passa sa langue sur ses levres avant de la reposer. Si l'on n'avait plus besoin de ses services, il n'y avait pas a s'en faire. Elle retombait toujours sur ses pieds de toute maniere. Si la reine se cantonnerait a cette idee et en voudrait pour un temps inderminee a ce qui etait sa messagere, elle s'en remettrait. Difficilement, peut-etre, mais elle s'en remettrait.

* Ne te complique pas davantage la tache, Clenalya. Si le fait de voir des avis contraires aux tiens s'exposer devant toi te chagrine, il n'en est pas de meme pour moi... tu sais bien que ma presence est loin d'etre indispensable ici. Tu dis que tu ne t'amuses guere avec eux. Peut-etre vont-ils en profiter plus que nous, certes. Mais tes ambitions ne s'arretent pas a ce stade et nous le savons tres bien toutes les deux... *

Le fait de se taire toutes ces annees n'avait jamais provoque la moindre mesentente entre elles deux. Soupirant, elle secoua la tete. Le monde etait fou...

* Puisses tu reussir ou tu le souhaites, ma reine... *

Elle se leva, jetant un dernier regard desoeuvre a la salle vide et s'en fut hors du chateau, souhaitant noyer ces pensees defaitistes dans un endroit moins deprimant...