Ouverture de la chasse

Le glas résonnait déjà par-delà les enceintes cerclant la crique, tonnant depuis la capitale voisine, d'où sur la venelle séparant cette cité du port l'assassin s'avançait à pas lents, détournant le regard vers la ville furtivement par instants, de même que la foule en laquelle il se mêlait, sous sa burre marron ne laissant à découvert que le bas de son front et ces yeux s'attardant sur chacune des silhouettes se dessinant en leur encontre. Sentant l'ombre rapace tournoyer au-dessus de lui, noire dans le ciel déjà assombrit par un Soleil déclinant pulsant ses rayons faiblement par-delà l'horizon, le spadassin parvint enfin aux quais, le cliquetis des portes se fermant en son dos par mesure de sécurité, repousées par une faction en armures réfléchissant les ultimes rayons du jour, poursuivis par le doux fracas des vagues s'échouant sur les piliers des pontons.
*Cette mer, plus traîtresse que la main de Maya... Plût aux dieux qu'elle se soit étirée jusqu'en mon royaume la bougresse. Mais c'est bien par un navire voguant sur ses flots que je vais devoir tenir mon salut, shol-makh...*
Parcourant l'étendue nacrée d'un regard froid, Khamsin cherchait en errant précautionneusement un bâtiment, en lequel il pourrait se glisser pour échapper à la milice qui ne tarderait sitot à accourir par ce lieu, à la recherche de l'assassin en cavale du magistrat Mehlbur, dont la main même froide et inanimée semblait pouvoir se saisir du spadassin.
"Shamshir, je dois bien pouvoir trouver quelque chose..."

Plissant les yeux en voyant une silhouette rôder autour de son batiment, la pirate alla s'interposer entre son navire et l'inconnu.
"Qu'est-ce que tu veux à mon batiment l'inconnu ?" demanda-t-elle avec un sourire au coin des lèvres, mais d'une tonalité assez basse afin de ne pas attirer les regards trop curieux.

*Une femme? En cette ville, les brigands sont les moins arriérés, donc.*
"'Votre' bâtiment? Aussi ce navire est-il à vous? Je ne savais que les êtres de votre sorte pouvaient en disposer d'un..."
Toisant l'humaine avec attention, l'assassin parvint de visu à octroyer le titre de brigande à la donzelle au premier regard, passant circonspect celui-ci vers les badauds circulant dans les environs auxquels semblait accorder de la méfiance la pirate. Accordant un oeil plus torve encore au sourire se dessinant sur le visage de la femme, le spadassin ne voulut perdre davantage de temps, son cheich ne couvrant à son goût d'assez son visage des sentinelles dont il sentait parmi les pas de la foule claquer les chausses sur les pontons.
"Peu m'importe, ce que vous désignez comme votre bâtiment s'apprete-t-il à lever l'ancre?"

Preferant ne pas relever à la remarque de l'inconnu, bien que l'envie ne lui manquait pas, Sëya aquieca d'un hochement de tête.
"Ouai'p, on va lever l'ancre d'un instant à l'autre, il manque plus qu'moi à bord .. Et vous, si vous l'voulez, et si vous avez quelques pièces d'or ou cartes bien fameuses .."
Il ne fallait tout de même pas oublier que l'hydros etait une pirate, et que l'or était ce qui l'attirait le plus, avec les trésors et les hommes héhé ..

"Laisse-moi une place sur ton navire, assure le départ au plus tôt, conduis-moi en Burdinuis, et cela sera selon ta volonté, demoiselle."
S'assurant que point de badaud ne s'attardait trop, l'assassin observa l'être avec un interêt amenuisé par le temps pressant, ainsi que la partie visible de son visage, tendue, le démontrait, s'accordant au regard fuyant ne revenant que par occasions vers la femme.

"Mhm .. Soit, inconnu, bienvenue à bord de la Cercyrus ! J'espere que tu n'as pas le mal de mer .."
Faisant un pas latéral, laissant ainsi la passerelle accessible à l'inconnu, Sëya le laissa d'abord passer devant. *Etrange...*

*Pourquoi l'aurais-je, pirate...*
Silencieux, l'assassin suivit l'injonction de la jeune femme et s'engagea sur la passerelle, accedant au ponton en jettant un ultime regard aux quais, et à la foule s'y agitant, alors que déjà le tangage du navire menait le spadassin à regarder les flots fluctuant sous le bâtiment.
"Si tu crois ce navire assez résistant pour la traversée, alors mieux vaut prendre le départ sur le champ. Ta récompense s'en verra augmentée."

Haussant un sourcil, puis faisant un geste avec deux doigts à un membre de l'équipage, Sëya observait l'inconnu alors que le membre était déjà en train d'enlever la passerelle avec un autre. Se retournant, Sëya s'approchait de son second.
"On pars en mer, cap vers le Burdinuis mat'lot !"
Alors que son second s'activait avec les autres pirates a lever l'ancre, Sëya revint vers l'inconnu.
"Comment puis-je t'appeler pendant not' voyage ?"

"Ne m'appelle pas, les choses n'en seront que plus simple pour toi, forbande. Que ma présence demeure discrète, et je t'en serai gré, ne l'oublie pas."
Répondant sur l'instant à l'interrogation de la femme, l'assassin ne pouvait s'empêcher de mal considérer les brigands avec lesquels il embarquait, la simple tonalité de la pirate infligeant des hauts le coeur au spadassin en cumulant avec le tangage régulier du bâtiment.

"C'est c'que j'pensais ... Tu m'plait toi ! Essaye de pas trop trainer dans mes pattes, le voyage ne sera pas aussi longs que certains, mais il pourrait s'averer plutôt ... Mouvementé ."
Tournant le dos à l'inconnu, Sëya monta les quelques marches la séparant de son poste, et poussant d'un coup de hanche affectif son second, elle prit en main le gouvernail. Sortant sa boussole d'un mouvement de poignet, elle en observait les aiguilles
"Où traine Verity ? Encore dans not' chambre ?
_ J'crois bien, ca fait un certain moment qu'elle en sort plus ..
_ A part pour allez m'piquer des bouteilles de rhum, ouais .. J'm'occuperais d'elle après ... Va verifier que les voiles sont bien attachées, le vent souffle de plus en plus fort, ca nous facilitera l'voyage .."
Aquiecant d'un hochement de tête, le pirate partit grimper sur les mats, accompagné de deux autres. Refermant son compas et le remettant à sa place, Sëya semblait concentré sur l'horizon. *Que nous caches-tu donc une fois de plus ?*

Conservant le regard porté sur les flots vacillant sous le bâtiment, l'assassin conservait son flegme malgré le tumulte régnant tant sous le navire que sur son pont, vers lequel le spadassin déportait le regard, l'accordant au mousse s'élevant sur le mat malmené par les vents soufflant sur le port, que silencieux le poignet levé Khamsin apaisait, observant Femto reposant placide à quelques mètres de lui et ne détachant ses yeux perçants du burdinuisien, concentré.
*Devoir faire appel à ces malandrins... Plût au Seigneur que j'ai envoyé cette embarcation et son équipage par le fond, si je n'eus à l'utiliser, Shamshir.*