Après notre départ, rien ne lui manquera. . .

Cette chaleur qui s'étend en répandant dans l'éther des flammes invisibles consume les chairs s'aventurant hors des ombres portées des murailles cerclant la grande Cité du Sud. Je vois les autochtones s'agiter pourtant, alors que sous le portique, patientant, je les observe passivement, toujours intriguée, ne m'exposant aux rais solaires qui auraient tôt fait d'entamer ma carnation.
Je plains en silence ces hommes aux armures luisantes soumis à ce brasier diurne, les admire, m'attarde sur l'un d'eux, superbe, chevalier barbare au teint hâlé, au port noble, mais exaspérée je délaisse mon contentement pour me complaire dans la colère que le retard, en affûtant mon impatience, de ce fellah suscite, une moue se concertant en mon regard fixe traduisant mon mécontentement alors que de mes lèvres s'échappent un soupir, ponctuant mes gestes tandis que je m'assois sur les cargaisons empilées pèle-mêle dans mon dos, n'ayant cure des regards désapprobateurs, je les sens, que mes compagnons d'infortune me lancent.

"Où est ce filou?"

Ne recevant nulle réponse, mes lèvres se distordent davantage alors que je groume quelques imprécations qui si elles eurent pu prendre forme auraient su mieux aviser le retardataire de ne point tester notre patience plus avant. Passant mon exaspération, je sens pourtant un regard se porter sur ma personne, et dirige mes yeux vers l'entité suspectée d'espionner de la sorte, sa mine patibulaire ne m'inspirant réellement que soupçons alors qu'émergeant de la somnolence que lui suscite telle chaleur Garth lève le museau, et détrousse ses babines pour laisser paraître crocs et grognements.

*Mon tout beau?*

"C'est donc vous que nous attendions?"

HJ: Souvenirs, souvenirs...

L'assassin avait flané dans les ruelles de Stimbelad des heures durant, récoltant quelques informations à l'ultime échéance, et à l'approche de midi parvenait enfin aux issues des remparts, marquées par ces sublimes, où patientaient quelques badauds et marchands, devant un chef caravanier qui à demi sous les frappes du Soleil à l'extérieur posait son regard sur le spadassin, de même que ces personnes qui se joignaient à l'expedition, alors qu'une femme bien étrange invectivait Khamsin ouvertement, le menant à la toiser, non avec autant de férocité qu'elle et son animal dont il percevait la présence rapidement à ses grognements, mais circonspect, d'autant que son physique l'interpellait allègrement, par son teint et ses trousses.
*Une allochtone ici, que diable?...*
"Navré de ce retard, votre commission augmentera pour le désagrément." lança le spadassin, répondant de moitié à l'inconnue, l'autre allant évidemment au caravanier dont il se saisissait du regard, s'attirant son conssentement manifesté d'un hôchement positif manifeste de la tête.
Revenant à la jeune femme, suspicieux, bien qu'il voyait déjà les voyageurs commencer à s'avancer vers les attelages, l'assassin ne put toutefois manquer l'occasion de rétorquer.
"Vous étiez donc si particulièrement empressée, étrangère?"

Mon regard s'obscurcit, le dédain dont il fait preuve, en me narguant, ne peut que m'insupporter. Non contrite, mais choquée, loin d'en être obséquieuse, je dévisage ce fellah, caché dans ses habits ne contrastant en rien avec la mode de ce pays, et pose la main sur le pelage chaud et doux de Garth, n'en finissant lui-même de toiser l'individu à l'air sournoix et narquois à souhait.
Délaissant l'individu pour suivre la cohue, bien qu'un mouvement de répulsion me retienne de m'exposer aux rais de feu planant par-delà l'ombre bienvenue du portique, je ne perds pourtant pas le personnage de vue.

"Sans être pressée, je ne peux pas par éducation tolérer que l'on fasse tarder une caravane selon son bon gré par lunatisme, *autochtone*."

Cinglante, je laisse là l'homme, peu m'importe qu'il se joigne finalement à nous, ma voix éraillée s'éteignant pour laisser percer un sifflement, rappelant Garth à mes côtés.

*Que de vils hommes. Le périple sera long, mon tout beau* ai-je pensé, et intuité à mon fidèle compagnon alors que nos regards s'échangeaient en concertant nos avis.

Que pouvait donc motiver telle créature, l'assassin se le demandait, observant d'un oeil torve cette femme, semblant humaine, s'éloigner avec son animal, l'un n'étant plus respectueux que l'autre, menant le spadassin à se questionner davantage, alors qu'il avançait, maintenant de la distance entre lui et l'intrigante alors qu'il se découvrait sous les rayons solaires pour rejoindre le caravanier, qui l'observait avec flegme, semblant avoir percé à jour l'identité du souverain.
*Que peut faire une humaine en Burdinuis? Je devrais tirer ça au clair...*
Approchant les fières montures, l'assassin saisit la bride de l'un, préférant chevaucher plutot que de rester au sein de la caravane, sa présence il est vrai étant davantage requise pour les assauts de hordes bandites opérant hors de tout contrôle, quelque peu en son royaume, mais plus indépendamment en Hortonur.
"Je pense que nous sommes parés, ami... Donnez le départ."

Je prends place, regardant les commerçants disposer leur marchandise dans la carriole, Garth à mes côtés impassible, sous les coups de ce maudit soleil m'aveuglant, je tente de passer un regard méfiant au-delà des rayons pour revoir l'homme. Ce sont ses propos envers le meneur qui suscitent mon attention, aussi n'est-ce qu'à l'instant que je remarque la qualité des armes qu'il porte.

*La guerre apporte son butin à quelques coquins et malandrins*

Sous l'oeil acquis de mon compagnon, m'observant lui-même, alors que je caresse son pelage pour le rassurer, je regarde l'homme d'arme, semblant préférer une monture que ce véhicule.

*S'il nous fait escorte, espérons qu'il est plus vif que ce qu'il nous a déjà montré* pensè-je, riant narquoisement et silencieusement alors que je partage mon amusement avec Garth.
L'individu affichant une plus fière allure que tantôt passant à proximité, je ne retiens pas une certaine moquerie, affichée dans une tonalité gouailleuse.

"Vous vous êtes donc mis en tête de nous sauvegarder des gredins, mercenaire?"

"Que vous le veuillez ou non, c'est une nécessité, pour contrer les hordes vagabondes du désert, vous le remarquerez une fois que nous nous trouverons sur les sentiers de l'Hortonur..."
La tonalité de la donzelle n'achevant pas d'être insultant, l'assassin rétorqua sèchement, toisant la femme avec méfiance, celle-ci n'étant que trop étrange, même comparée aux énergumènes d'Hortonur, alors que j'accordais un regard à l'ombre se dessinant dans les cieux.
"Vous êtes d'Hortonur, semble-t-il, vous devriez comprendre ce besoin. Et si la nécessité le veut, peut-être consentirez-vous à défourrer votre lame en situation..."

HJ: Vive les rapports de force...

Je hausse le sourcil gauche, sous l'argumentation pataude du mercenaire, alors que portant mes bras en arrière et prenant mes aises je ressens sur le plat de ma main droite Garth se tenant à ma hauteur. Je n'y accorde qu'un murmure en plongeant dans mes pensées, en considérant d'un oeil l'homme du Sud, tandis que le second tend à scruter les cieux.

*Ces faibles hommes dont la langue est devenue pièce de fer, Garth, qu'ils sont misérables. D'où une créature voyant ce monde des constellations peut-elle s'y acoquiner?*

Revenant bien à l'individu et ses derniers mots, j'adopte une mine sceptique, levant légèrement le visage pour ressentir le pommeau de mon arme siégeant en son fourreau.

"L'Hortonur que je connais n'a pas de brigands autres que ses parlementaires, ne jouez pas aux idiots, burdinuisien. Je prendrai donc les armes si je le juge nécessaire, à part cela, je n'ai pas d'autre allégeance. Laissons aux mercenaires ce qui est de leur domaine" ai-je intuité en lâchant l'homme des yeux, venant à mon compagnon pour trouver en son regard quelque accord.

"L'Hortonur que vous connaissez est une totale chimère qui vous décevra, si nous arrivons à destination. Les hordes de brigands sévissent sur les routes, c'est pour cela que les 'mercenaires' sont nécessaires, même si je ne suis qu'un voyageur qui prête ses compétences pour rendre ce voyage le moins tumultueux et lourd de dommages possible."
Palliant à la raillerie de cette jeune femme, l'assassin du haut de sa monture contempla l'étrangère, semblant soit peu au fait de l'actualité de l'Hortonur, soit sotte, ou dérangée en se fiant à son regard.
"Si vous n'arborez cette épée que par fierté, soit, mais considérez que je ne répondrais pas de vous si une lame venait à fendre votre crâne, 'hortonurienne'..."

"Les bandits ne fendent pas les crânes des femmes, mercenaire" dis-je en riant. Un couinement de Garth me rappelle à sa présence, aussi je le caresse pour contrer l'inquiétude apparente en son regard.

*N'aie pas peur, mon tout beau.*

Revenant au burdinuisien, je souffle, légèrement exaspérée par ses insinuations sans réel fondement. Posant mon regard sur le sien, je parcours son buste pour m'arrêter sur la poignée du beau cimeterre qu'il porte à la ceinture.

"Ainsi vous vous mettriez en danger sans raison synallagmatiquement posée? Or donc ce n'est pas du mercenariat mais de la stupidité. Tant mieux alors que vous n'envisagiez de vous embêter pour moi, veiller à la sauvegarde de votre propre vie est déjà très périlleux!"

Il est facile de railler telle attitude, je l'accorde, mais face à situation si risible je ne peux retenir une exclamation nerveuse, emplissant mes yeux de larmes, mais cessant brusquement alors que j'entends le meneur de la caravane s'exprimer en langue du Sud, vociférant aux autres fellah des ordres, me semble-t-il, à son intonation et aux gestes que je perçois en tournant la tête.

*Il était temps*

"Si tout est dit..."
*Quelle rancoeur anime donc cette femme? Je n'ai souvenance d'elle ou d'un quelconque tort fait...*
Accueillant les railleries de l'hortonurienne avec dédain, l'assassin la laissa à ses délires, alors que s'exprimant en esmerien le chef de caravane s'égosillait, envers le spadassin même semblait-il, joignant les gestes en la parole en citant les étendues désertiques ci-devant et les désignant du doigt, alors que les rènes de son attelage se levaient, et la charette où siégeaient les marchands et la jeune femme commençait à se mouvoir, agitant déjà les marchandises qui étaient empilées sous la fougue des canassons.
"Kesh, kesh! Ouvrez au moins l'oeil dès lors, femme de l'Hortonur."
*Il en va de plus important que la préservation de sa vertu...*

Je suis surprise que le garde n'en jette pas plus, mais je ne me questionne pas trop, cette attitude étant compréhensible, même admirable, en ce que le burdinuisien ne s'époumone pas dans le vent. Attentive à sa voix qui avait décliné et qui tonne soudain jusqu'aux oreilles du conducteur, je regarde cet autochtone-ci, ma main effleurant toujours le pelage de mon compagnon, au flegme parasité par mes vaines tentatives d'échapper au soleil de ce pays.

*Quel fléau fit donc ce royaume si ardent?* grommelé-je, cherchant du regard une soustraction à la chaleur, ne le pouvant donc pas.

Je souffle, puis prends conscience des regards qui sont portés sur ma personne. Aigrie par la suffocation, je grogne de même que le ferait Garth, celui-ci m'observant interloqué, alors que les indiscrets détournent les yeux, et qu'un second soupir trahit avec un regard bas ce mécontentement qui m'anime.

"Et nous en avons bien pour des jours" m'exclamé-je, sans chercher réelle écoute, une autre pensée que je communique, à tonalité modérée bien sûr, au moins à l'adresse de mon cher compagnon.

*Nous sommes pas rendus, que les brigands dont parlait ce drôle viennent ponctuer le périple, sinon ce sera l'ennui qui aura raison de nous, mon tout beau!*