Appartements royaux

Poussant la porte qu'elle connaissait tant, Clenalya pénétra dans ses appartements avec une certaine curiosité. Observant la pièce, elle fut presque déçue que tout soit parfait.
Si dirigeant lentement vers le balcon, elle resta un long moment dessus, avant de s'assoir sur la rembarde et de regarder Alleris. Sa fille n'était pas encore prête, elle ne connaissait rien d'Alleris... Si elle avait été là, elle l'aurait élevé, et la question de la mettre sur le trone ou pas ne se poserait même pas...

Alassëa frappa discrétement à la porte de Clenalya Ombrenoire. Elle aperçut la reine en pleins souvenirs songeurs, assise sur la rembarde au balcon. Là où tout le monde pouvait la voir ! Elle se précipita vers la souveraine et se retint de la tirer par le bras.

" Madame, je vous en prie, ne vous exposez pas maintenant ! Pas seule, pas exposée ainsi !!! "

Clenalya eut un sursaut de surprise, et s'agrippa à la rembarde pour recuperer son equilibre. D'un leger saut, elle remit pied à terre, face à Alassëa. L'acceuillant avec un sourire, elle prit cette dernière par la main, puis l'emmena à l'interieur, ouvrant une enorme armoire.
"Choisis la tienne mon amie, aujourd'hui est mon deuxième courronement !"

La surprise et la joie se disputaient dans l'esprit de la messagère. D'un côté, Clenalya ne cesserait jamais de l'étonner. Mais d'un autre, on avait l'impression que la reine revenait peu à peu à la vie, reprenait une vie presque normale... ce n'était sans doute qu'une impression, mais cela pourrait au moins rassurer le peuple.
Mais... est-ce que c'était vraiment une tenue qu'elle lui proposait de choisir ?

" Veuillez m'excuser mais... j'ai peur de ne pas saisir... "

Clenalya se mit à rire.
"Choisis une robe voyons, la mienne est déjà toute choisie."
Redevenant sérieuse, elle fronça legerement les sourcils.
"Et cesse se vouvoiement, ca m'importune plus que tu ne le crois."

" Mais il faut que vous vous mettiez en tête que je ne suis pas de votre rang. Malgré notre... amitié, une barrière nous séparera toujours ! Et ce tutoiement me gêne affreusement. Pour moi, je suis et serai toujours à votre service. Il m'est déjà assez étrange d'accepter une tenue de votre part. Je vous en prie, comprenez-moi. Et pour la tenue... je peux garder la mienne, rassurez-vous. J'en choisirai une dans ma garde-robe. La plus luxueuse, rassurez-vous. "

"Ah ca, n'y compte pas ! Tu prends une robe, maintenant ! Je te l'ordonne, puisque tu es si résignée à m'obeir au doigt et à l'oeil."
Avec un clinc d'oeil, la reine attendit patiemment que son amie choissise sa robe. Elle avait besoin de se faire plaisir, de faire des "trucs de filles" comme disent les enfants, sauf que là, ce serait plutôt des "trucs de femmes".

La messagère leva les yeux au ciel, et passa une main sur ses yeux en soupirant. Jamais elle n'avait vu quelqu'un d'aussi têtu. Une envie de partir subitement la prit, mais elle savait que cela ne changerait en rien les choses. Tout ça pour une robe... une stupide robe... une tunique ne pouvait pas suffire ? Non ! Il fallait une robe ! D'un air vaguement intéressé, Alassëa regarda les tenues plus nombreuses les unes que les autres, cherchant la plus... simple. Tant de luxe la... enfin. Elle repéra une robe de sa couleur préféré, assez simple, et arrivant au genou. Au moins, elle pourrait mettre ses bottes avec. Elle la décrocha d'un ceintre, la posa sur un des siéges de l'appartement, croisa les bras et attendit.

Avec un sourire, Clenalya semblait satisfaite.
"Je gagne toujours à ces jeux-là, comme tu l'as si bien dit, mon rang est au combien superieur au tiens..."
Allant fermer à clef la porte de sa chambre, et fermant également la fenêtre, tout en remettant correctement le rideau, la reine alla enlever sa robe d'un ceintre. Cette dernière était très legère mais touchait le sol. D'un beau tissus d'une couleur doré, Clenalya la posa sur le lit.
"Bon, changeons-nous, le plus interessant est ce qui vient après très chère."

Quoi ? Se changer ? Ici ? Et puis quoi encore ? Evidemment, Clenalya devait bien s'amuser * Pour une fois ! * Etrangement, se mettre en sous-vêtements devant Xerox ne l'avait gêné d'aucune façon, mais là... si au moins elle pouvait se servir d'un paravent. Sans doute la reine ne lui laisserait pas ce plaisir.

* Rooh et puis zut... *

Nouvel accés de témérité... Utile cette fois-ci. La messagére retira ses bottes, dénoua sa ceinture, enleva sa tunique, enfila en vitesse la robe, renoua sa ceinture, remit ses bottes, et attendit la remarque de la reine qui ne tarderait certes pas à surgir...

Amusée par la gène de sa messagère, Clenalya ne dit aucun mot. Une fois son amie changée, la reine ne se pressa pas pour enfiler sa robe. Non volontairement, mais pour ne pas l'abimer. Enfin vetue, elle semblait déjà plus vivante. *Et pourtant...* songea-t-elle amerement. La réalité revint d'un coup l'assomer. Sa fille était partie toute seule, se suicider presque, et voilà qu'elle devait se charger du peuple elfique. *Ca n'aurait jamais dut se passer comme ca...* Deux fois que sa mort n'avait put etre atteinte, et jamais deux sans trois...
Son sourire ayant disparut, Clenalya alla prendre un petit coffret, qu'elle ouvrit et en renversa le contenu sur son lit. Des bijoux, foulards et autres... Attrapant un peigne, la reine s'assit sur son lit, observant Alassëa, tentant de sourire à nouveau.
"Dernière chose à faire avant.."

Alassëa nota le changement de comportement en seulement quelques instants. Souvenirs, souvenirs... Lyete, sans doute. Intérieurement, la messagére se jura de régler un jour ses comptes avec la princesse. Elle revint à la situation présente, regarda Clenalya, ne comprenant pas.

" Vous avez l'intention de vous recoiffer ? Rassurez-vous, votre coiffure est très bien ainsi."

Clenalya lacha un leger rire.
"Allons, j'ai pris l'habitude. Si ce n'est moi qui me coiffe, je ne pourrais sortir sans me faire agresser par des servantes. Je m'occuperais de toi après, ne t'en fais donc pas."
Le peigne en main, la reine prit dans son autre main plusieurs objets, avant d'aller se caler devant le miroir. Rapidement, Clenalya se coiffa. Separant sa chevelure en trois parties, elle mit les deux du côté dans des filets en tissus doré ronds assortit à sa robe, qu'elle fixa au niveau de ses oreilles. Dans sa chevelure centrale, elle mit quelques rubans marrons clairs, rappelant le doré. Ses cheveux frisant legerement, elle les demmela, laissant les quelques jolies frisettes rester libres. Se retournant vers Alassëa, elle lui fit signe vers une chaise.
"Assiets toi s'il te plait."

Le sourire de son amie lui avait fait plaisir, mais quand elle apprit que sa reine allait la coiffer... non, là il y avait des limites. Personne ne l'avait jamais coiffée en dehors de sa mére. Personne d'ailleurs à part elle n'en avait le droit ! Elle serra les poings, et baissa les yeux.

" Je vous ai dit que je vous serais loyale, pas que vous deviez me considérer comme un chien, altesse. Ma coiffure me plaît ainsi et mes cheveux démêlés. Je ne vous ferai pas honte, rassurez-vous. "

Clenalya se mit à rire.
"Soit ! Comme tu veux, mais je te previens : vaut mieux moi que dix servantes, car ne te fais pas d'illusions, elles seront sur ton dos dès qu'elles te verront."
Sur ses paroles, on frappa à la porte. Allant ouvrir, cinq elfes entrèrent d'un seul coup. Une avait des tonnes de paires de chaussures dans un sac, tandis que les autres avaient également des tonnes d'objets. Observant Clenalya, elle la firent s'assoir sur le lit, et commencèrent à lui présenter des chaussures en parlant toutes en même temps.
"Laissez-moi voyons, mes chaussures sont déjà choisies, ne vous en faites pas. Occupez-vous plutôt de mon amie..."
Chose dite, chose faite... Toutes se precipitèrent sur Alassëa, alors que se relevant, Clenalya se mit à fouiller partout dans ses tiroirs.

Alassea recula. Pas question de laisser ces chochottes s'occuper d'elles. Si il fallait pour cela qu'elle degaine, elle n'hesiterait pas un seul instant. Maudissant Clenalya, la messagere afficha son air le plus dissuasif. Si trois des servantes renoncerent, deux autres continuerent a avancer.

* Qu'il en soit ainsi. "

Voyant que la reine ne faisait rien pour faire cesser ce manege, Alassea la regarda d'un regard exprimant toute sa tristesse de la voir reagir ainsi, et de toute son incomprehension. Elle se dirigea vers la sortie, bousculant les servantes elfiques, attrapa sa tunique et sortit en courant.

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