Bibliothèque du Palais

Finissant de gravir les marches, et poussant la porte en bois, la reine pénetra dans la bibliothèque du palais.
Lieu pas très grand, il regroupe pourtant les historiques du royaume depuis sa naissance.
Marchant doucement, et sans un seul bruit, Clenalya alla ouvrir la petite fenêtre, l'air n'étant pas très frais ici.
Allant vers une étagère, elle attrapa un gros livre, et l'ouvrit, cherchant une date precise. La trouvant, elle grimaca : l'ecriture n'était pas très jolie, et difficile à comprendre...

S'avançant, sa figure étant connue des elfes lui ayant garanti un accès libre tant à la cité d'Alleris, dont la route à arpenter fut rude tant cela faisait longtemps que le Commandant ne l'avait arpentée, que dans le palais, dans lequel quelques valets indiquèrent à l'humain où trouver celle recemment admise souveraine de ce royaume. Montant ainsi qu'on lui avait avisé les marches menant à la bibliothèque attenante aux salles supérieures, il pénétra dans l'antre du savoir du bâtiment, et faisant claquer ses talons alors qu'il reprenait son souffle remarquait la Reine se dressant au centre de la pièce.

"Salutations, Madame Ombrenoire. Une longue période que nous ne nous étions vus, votre mine s'est bien assombrie. En retour de votre requête, voici la missive assignée par les autorités du Conseil d'Hortonur. Puisse-t-il raviver votre sourire."

Demeurant courbé, Asphärr se rappelait de la femme elfe alors qu'il l'avait vue avec son époux, et du sourire qu'elle arborait qui semblait désormais ne plus être. Bien que conservant sa posture reverencieuse, le Commandant haussait les yeux, pour regarder l'elfe se dressant devant lui, en attente de l'accueil qu'elle reserverait à cette missive qui lui avait été confiée et qu'il dut porter avant même que la Lune n'ait commencé à décliner.

Relevant les yeux de son livre pour les apposer sur le capitaine de la garde de l'Hortonur, Clenalya se releva.
"Allons, ne restez pas courbé, c'est inutile. J'espère que vous avez fait bon voyage, sir, sachez également que vous disposez de chambres dans le palais pour vous reposer si vous le désirez."
Se rapprochant, la reine se frotta legerement les mains.
"Ainsi, vous m'apportez une missive... Peut-être qu'en effet, elle ravivera mon sourire..."

Tendant l'ordre à la souveraine, le Commandant le lâcha dès que l'elfe eut une prise sur la pièce de parchemin scellée, puis reporta son bras vers ses hanches harnachées, alors que d'un cliquetis que laissa échapper son armure l'humain se redressa, regardant immuable la dame dont il ne savait pas même ce dont recelait le papier qu'elle tenait entre les mains.

"Un voyage harassant, mais le plus dur fut fait. Merci de votre généreuse proposition, Madame, mais je ne peux accepter, et tenterai de trouver si la nuit est trop précoce un foyer en ville, voire en dehors si cela est necessaire."

S'emparant du parchemin, Clenalya hocha silencieusement la tête alors qu'elle etait en train de le dérouler.
"Faites comme bon vous semble, sir..."
Le parchemin dans ses mains, la reine se mit à lire la missive. A la fin de sa lecture, elle replia le parchemin, le gardant avec elle.
"Partez quand vous le souhaitez, vous serez toujours la bienvenue à Alleris, sir. Ma messagère s'occupera du prochain message."
Ne laissant paraître aucune expression sur son visage, la reine reflechissait pourtant à vive hallure.

"Vous ne paraissez satisfaite de cet ordre. Ce n'est donc ce à quoi votre messagère vous préparait?"

Accordant un étrange regard à l'elfe, Asphärr ne comprenait qu'elle demeure ainsi inexpressive, d'autant qu'autrefois elle paraissait plus que de nombreux êtres de sa sorte encline à exprimer chacun de ses mouvements d'humeur. Intrigué, le Commandant fit abstraction de ce 'sir' toujours autant malvenu à son encontre, et acquiessant malgré son mutisme gratifia à nouveau la souveraine d'une reverence, au cours de laquelle résonnèrent le fracas de ses éperons sur le sol alors qu'il les portait avec ses jambes vers l'arrière.

*Le temps est lointain où l'on pouvait s'exprimer librement sans redouter que les autres s'en formalisent.*

"Vous êtes très observateur, Capitaine. Et bien, disons que ca me convient, mais qu'il reste quelques petites precisions à faire et à rendre, comme dans tout."
Observant les attitudes du capitaine Asphärr, Clenalya esquissa un sourire.
"Je sais bien que c'est de la politesse, mais cessez ces reverences de temps à autres, elles m'agacent de plus en plus, bien que vous n'etes pas visé particulièrement, vu les rares fois où nous nous voyons."

"Je doute qu'oser une accolade serait bienvenue de toutes façons. Je vais donc de ce pas informer ces seigneuries que vous disposez de la missive, et qu'ils se doivent d'être en attente d'une seconde de votre part. Recevez toutes mes amitiés, Madame Clenalya, et tentez de recouvrir votre santé au plus tôt."

Quelle débauche de sentiments, une telle expansivité glaça le Commandant, qui se retira sans plus importuner la souveraine de toutes fioritures protocolaires, faisant à nouveau claquer ses chausses dans les esclaiers arborant la forme de colimaçon qui le menait à nouveau aux niveaux inférieurs de ce palais où la reserve semblait de mise.

"Je vous remercie, Capitaine. Puissez-vous faire une bonne route." fit la reine juste avant que la capitaine ne parte.
Elle le savait, elle n'était plus aussi vivante qu'avant. Tout avait changé, oui, tout, cependant, elle se devait de faire des efforts, et si ce n'etait pas pour elle, alors ce serait pour les autres... Mais, plus tard peut-être...

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