L'Opale {Auberge Nord]

La tueuse marchait dans les ruelles, sa soeur et l'elfe étant partis. Elle marchait, marchait, marchait... Le regard perdu dans le vide, repensant aux évènements passés, Yria ne pouvait s'empecher d'être triste. Sorel n'était pas mort, ce qui lui avait rechauffé le coeur. Quel bonheur de l'avoir vu, quel soulagement... Mais il ne se souvenait de rien, et c'était ca qui la rendait triste. Lentement, elle poussa une porte en bois. Elle pénetra dans la bâtisse, et donna de l'or à la gérante, qui la guida en silence jusqu'a une chambre. La jeune femme n'avait même pas remarqué que la gérante l'avait laissé. Elle s'était dirigée vers la fenêtre, posant sa main sur un carreaux. Elle se retourna, s'appuyant contre la fenetre. Elle observa sa chambre, qui n'etait pas la sienne après tout. Lentement, elle se laissa glisser le long du carreaux, pour finalement finir assise. Elle ne disait rien, regardait dans le vide. Au bout d'un moment, elle regarda ses mains, puis sembla sortir de sa torpeur.
"Mais pourquoi suis-je aussi molle ? Je sais bien qu'il faut que j'attende ma soeur avant d'aller à Stimbelad, et ce n'est pas demain qu'elle reviendra..."
Elle se releva brusquemment, récuperant son caractère propre. Elle sortit de sa chambre, puis de l'auberge...

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Une heure plus tard, Yria était dans sa chambre, un plan étalé sur la table. Elle s'était achetée une tenue noire, comme elle avait l'habitude d'en porter avant de finir en prison. Se levant, elle alla chercher ses gantelets, puis les enfila. *Pas de trace lorsque c'est fait à mains nues...* Fermant la porte derrière elle, et mettant sa cape sur ses épaules, elle sortit au dehors. La nuit était tombée, et c'etait parfait. Très vite, la tueuse disparut dans les rues...

Depuis plusieurs heures déjà, il toisait les hommes qui fort de leurs ripailles et beuveries erraient à demi-saouls dans l'établissement. Assis à une table, sans consommer la moindre boisson, il attendait sa cible, dont il avait appris par des mendiants en échange de quelques devises d'or qu'elle se terrait ici. Il ne savait guère si elle y demeurait toujours, mais sans davantage d'informations il ne pourrait explorer d'autre piste, il n'en avait de toutes manières pas l'habileté, en tant que mercenaire.
*Peut-être est-elle encore ici... Ce Garrett pourrait m'aider dans le cas contraire.*

Ayant erré pendant un peu plus d'une heure dans les rues, Yria se décida enfin à retourner à l'auberge. Son travail était accomplit, et elle en éprouvait une certaine satisfaction. Ce n'etait pas un contrat qu'elle avait executé, c'etait juste une vengeance personelle, qui l'avait remise d'attaque. Bien qu'elle avait encore mal aux jambes, elle ne s'en soucia guère, rentrant dans l'auberge. Sans un seul regard vers la gérante, elle retourna calmement dans sa chambre. La première chose qu'elle fit fut d'enlever ses gantelets. *Et bien, il avait la nuque solide celui-là* pensa-t-elle avec humour. Elle s'assit sur son lit, étalant ses jambes, massant ses molets pour attenuer la douleur. *J'ai de ces idées parfois...*

Ayant observé la silhouette féminine lorsqu'elle pénétra dans l'établissement, le colosse quitta la table où il demeurait, puis la suivit, marquant une légère halte tandis que du regard il poursuivait encore la jeune femme, puis vint à sa suite, s'engouffrant dans la chambre où elle s'était retirée en passant difficilement la basse porte que son gabarit rendait ardue à traverser, afin de se retrouver face à la tueuse, la toisant à travers le capuchan blanchâtre retombant sur le haut de son visage.
"Madame Lorna, je vous cherchais..."

Yria sursauta legerement. Trop satisfaite d'elle, elle n'avait pas fait attention. *Encore une erreur...* N'interrompant pas son activité, Yria lui parla, lui faisant d'abord une remarque.
"J'ignore qui vous êtes, mais c'est Madame Skarm, pas Lorna... Que me voulez-vous ?"

"Hm, il me semblait que vous aviez été destituée de votre nom de Skarm pourtant, madame. Mais ça ne fait rien... Le fait est qu'il a besoin de vous, jeune femme, je n'ai jamais vraiment compris pourquoi, mais le fait est là. Lui faîtes-vous toujours allégeance?"
Le colosse n'avait eu la moindre reaction à la remarque de la tueuse, n'y prêtant nulle pejorativité, nourissant lui-même peu d'empathie envers cette femme.

Yria, à ces paroles prononcées, arreta son activité, fixant l'homme.
"Croyez-vous vraiment que j'ai put une seule fois cesser de l'aimer ?"
La tueuse se releva, croisant les bras, faisant de son regard une flamme de determination.
"Alors, pour répondre à votre question, je répond sans hésiter oui. Je serais toujours là pour lui."

"Vous avez l'air sincère, mais j'espère pour vous que c'est le cas. Votre ami le conseiller perdra vite sa tête, mais S... Raphael veut que vous soyiez là. Je pense savoir pourquoi, mais on a pas le temps pour ça. Il veut que sa princesse aux yeux d'obsidienne soit avec lui lorsque le moment sera venu. Il m'a dit d'être là dans 3 jours, à Jilladr, qu'il me trouverai. Tâchez d'y être également, pour lui."
Le colosse fit quelques pas en arrière, butant légèrement contre l'encadrement de la basse porte.
*J'ai un mauvais pressentiment, pour tout ça, mais on a pas le choix.*

*Sa princesse aux yeux d'obsidienne... Cet homme ne ment pas...*
Yria vint près de la porte, lui tenant.
"J'y serais également. Faite bonne route."
Ainsi, Sorel aurait retrouvé la memoire. Elle ne savait comment, mais c'etait plus qu'une excellente nouvelle. Heureuse, elle se surprit à afficher un sourire.

"Bah, dans ce foutu pays au moins on est à l'abri. A bientot alors. Pour le Burdinuis, pour Sorel !"
Serrant le poing, entraîné par la joie que suscitait un tel retour de la part de l'assassin disparu, Julius oublia sommairement ses craintes, et cette étrange aura que dégageait maintenant l'assassin, et sur ces derniers mots il franchit la porte de la chambrée, puis rapidement, prenant la forme d'un simple citadin lorsqu'il put se dissimuler dans un coin d'ombre, l'homme sortit rapidement de l'établissement, se perdant dans la foule grouillant dans les rues.

Yria referma la porte, et marcha paisiblement jusqu'a son lit. Se mordant les levres, elle se contenait pour ne pas exprimer sa joie. Elle finit finalement par sauter sur le lit, plongeant la tête dans l'oreillet. On aurait dit une gamine, et c'est pourquoi elle se calma très vite. Regardant dehors, elle remarqua que le soleil se levait.
"Parfait parfait ! Voilà une belle journée qui commence !"
Attrapant sa cape, la remettant sur ses épaules, et remettant ses gantelets egalement, Yria sortit de l'auberge en direction de la forge. Vetue de noir, elle faisait beaucoup moins fragile, et se sentait beaucoup plus à l'aise.

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