A l'opposé...

Sa monture à l'ecart, sa cape a terre, ayant été jetée quelques minutes avant, Yria était assise au sol, sur des escaliers dont même le temps ne pourrait avoir d'enprise.
Observant le soleil, elle avait même laissé ses armes avec sa monture. Qui etait-elle au juste pour se faire voir comme ca ? Elle n'était qu'une tueuse, une simple tueuse... Non, maintenant, elle était aussi souveraine, et maître d'un clan d'assassinat. Maintenant ? Non, ca faisait déjà un bon bout de temps... Et pourtant, elle arrivait encore à se poser des questions sur cette situation, qu'elle avait adopté depuis longtemps. Et Jacen... Cette fillette, qui voyait tout ce qu'elle faisait... Elle n'avait pas sut la proteger... Etait-elle donc vouée à tuer et non proteger ?... Après tout, elle n'etait qu'une tueuse, une simple tueuse...

Réhaussant la tête, ses lèvres demeurant scellées, alors que le vent agitait le capuchon la couvrant, faisant fluctuer son tissu, duquel paraissait tout de même un regard ne se détachant de l'étendue desertique, l'assassin fronça les sourcils, ses chausses claquant au sol alors qu'il descendait de son promontoir. Avançant de quelques pas vers sa monture, le spadassin s'immobilisa, laissant un sourire se dessiner sur son visage, alors qu'il se tournait vers le coeur du hameau, d'où provenait déjà les grincement d'une pâle que le temps n'avait encore ébranlé, ses gonds grinçant sous les frappes du puissant souffle s'étendant sur la place. Caressant l'encolure de son canasson alors qu'il l'approchait, Khamsin porta un regard interrogateur vers les esquisses de ruelle se dressant devant lui, mais s'y engagea, une volute familière lui étant parvenue, portée par l'éther pour lequel l'assassin nourissait une si singulière familiarité, s'apparentant à de la symbiose, bien que demeurait une chose en cette terre en laquelle il plaçait son âme.
*Cette effluve... Si enivrante et brûlante.*

Quel beau paysage... Le soleil, aux reflets dorés, disparaissant peu à peu derrière cette immense étendue de sable... Encore chaud surement, de cette journée au climat sec... Respirant cet air, Yria mis ses coudes sur ses genoux, puis sa tête sur ses mains. Ainsi positionnée, elle songeait où elle irait après, une fois le soleil disparut...

Une silhouette paraissant par delà les vents se dressant face à l'assassin, il s'approcha d'une monture stationnée à quelques pas de lui, passa sa main dans son crin, alors qu'en échappait un souffle rauque, géné par le sable tournoyant autour de lui, à proximité des murailles contre lesquelles s'engouffraient les bourasques, chariant depuis le désert des masses de sable incapacitantes pour une créature demeurant de la sorte sous les frappes du Soleil.
"Ce ne sont des animaux faits pour rester en pleine chaleur, pas sans qu'une course ne mène les vents à rafraîchir ses flancs, élancé au galop. Tu devrais être plus précautionneuse, princesse. Tu n'en seras que mieux graciée par les cieux..."
Se dressant à quelques mètres de la figure, Khamsin la toisait, reconnaissant malgré le voile de sable planant alentour une silhouette bien familière, qu'il regardait avec peine et admiration, seul son ton ne cillant pas.

Ne bougeant même pas, Yria savait qu'il était là.
"Graciée par les cieux, le serais-je seulement un jour ? Va savoir... Je n'arrive plus à prendre soin de quoi que ce soit, pas même de moi, alors vois-tu..."
Soupirant, la tueuse avait toujours le regard fixé sur le soleil couchant...

"Tu es encore en vie, c'est là une félicité, princesse."
Deversant de la gourde pendant à sa ceinture de l'eau au creux d'un roc se présentant tel une coupole formée par l'érosion, l'assassin laissa la monture rafraîchir sa gueule dont dépassait la langue engourdie de l'animal, se rapprochant de la tueuse demeurant le regard dirigé vers l'astre diurne dominant encore le village et la plaine sabloneuse environantes.
*Plus un regard...*
"Je peux te libérer, si c'est là ce que tu désires. T'ôter le poids de ta condition, et te laisser vivre à nouveau pleinement parmi les tiens. Cela ne pallierait à tout ce que tu as enduré... Mais nous sommes des mercenaires de mort, c'est le seul bien valable que je puisse te rendre, Yria. Quelle que soit la haine qui m'est vouée, de ta part ou de la mienne, même si elle n'est éffacée, au moins sera-t-elle plus douce si je te sais maîtresse de ta vie."

"Ce que je désire, c'est tout d'abord rester avec toi... Ca fait deux fois que tu m'a laissé, Sorel... Quand tu es revenu la première fois, tes dernières paroles étaient pleines d'espoir... Tu voulais regagner mon coeur, bien que tu ne l'avais perdu... Tu ne l'a toujours pas perdu, mais celui-ci s'est renfermé..."
Se retournant, les yeux legerement brillants, Yria observa cet homme, celui qui avait reussis à avoir son coeur, et lui demanda :
"Pourquoi ?..."

"J'ai été arrogant et stupide, nulle estime de mes alliés, ennemis, proches... Si tu as pris offense de mon départ, je te prie de m'en excuser, tous les propos que je tins furent viciés, dénaturés. Cela peut te paraître étrange... mais c'est pour toi que j'ai préféré partir. Je ne voulais t'abuser par mon hypocrisie, ainsi que ceux de mon royaume."
Touché par les paroles de la tueuse, l'assassin s'en approcha davantage, inclinant au premier abord la tête, puis la redressant vers la silhouette de la jeune femme se tenant face à lui, la gène s'effaçant devant les traits de son épouse, n'ayant guère changé que de teinte, hâlés par le Soleil du Burdinuis, mais demeurant celui que le spadassin ne se lassait d'admirer.
"De nouveau, je te laisse le choix, princesse. J'ai enfin recouvré mon esprit, celui qui tomba sous le charme de la tueuse se dressant devant moi, ta fidélité n'est pas en cause, seul désormais compte ta raison. Si elle te dicte de me délaisser, je me soumettrais, te laisserais rejoindre l'Hortonur, ou demeurer en Burdinuis en noble condition si là est ton souhait. Mais si la colère ne t'empêche de me pardonner, si tu crois ton coeur capable de me garder, alors ordonne, et à jamais je me dresserai à tes côtés."
*Pardon, Reine aux yeux d'obsidienne...*

Se relevant, quittant ainsi les marches, Yria avait baissé les yeux. Face à Sorel, et relevant les yeux vers lui, elle ne put s'empecher d'esquisser un mince sourire. Apposant sa main droite sur sa joue, elle l'observa attentivement, profitant également de ce contact. Comme ca faisait longtemps qu'elle ne l'avait plus touché...
"Disons alors que nous nous sommes perdus pour mieux nous retrouver... Car te voir me rapelle qui je suis vraiment..."
*Et je me vois mal vivre sans toi, prince du desert, tu es mon équilibre, ma vie...*

"Merci de m'accorder ta confiance, princesse."
Un mince sourire paraissant au coin de ses lèvres, l'assassin vint à l'encontre de la jeune femme, l'enlaçant, n'usant de retenue, alors que bien que demeurant impassible physiquement il se trouvait heureux de pouvoir à nouveau passer ses bras autour du buste de la jeune femme dont il avait cherché la présence deux ans durant.
"Je n'en abuserai pas, cela est mon serment. Que seule la mort le révoque, mais elle ne saura venir tant que je n'aurais pu te serrer dans mes bras quelques milliers de fois encore, ma reine."
*Cela faisait trop longtemps... sans cette chaleur.*

Souriant, Yria se laissa faire, passant ses mains dans le dos de Sorel. Mon dieu que ca faisait longtemps qu'elle n'avait pas sentit son bien-aimé contre elle...
"Ta présence m'a beaucoup manqué, et marqué aussi..."

"C'est là la seule chose qui me maintint en vie, princesse. Un sourire, quelques pétales, je te dois la vie."
Déposant un baiser sur le front de la tueuse, transcendé, l'assassin clos les yeux, lâchant un soupir alors qu'il se trouve rassuré que la jeune femme n'ait retenu ses fautes contre lui, et le considère toujours de la sorte.
"J'ai besoin de toi, que de nouveau nous soyions unis, toi et moi à la tête du Burdinuis, ma reine. Je désire commencer cette vie dont je t'ai privé..."

"J'aimerais bien la commencer aussi... A deux..."
Fermant les yeux à son tour, Yria garda sa tête apposée contre l'épaule de Sorel. Tout allait mieux se passer maintenant, de nouveau ensembles... Relevant la tête vers lui, elle déposa un baiser sur ses lèvres, souriant après.
"Désolée, fit-elle, ca me demangeait..."

Savourant le baiser de la tueuse, l'assassin n'eut besoin de voir sa bien-aimée pour que ses lèvres esquissent de même un fin sourire, alors qu'il étreignait d'autant son épouse, râvi d'avoir pu retrouvé des sensations perdues depuis longtemps. Passant l'une de ses mains dans la nuque de la jeune femme, effleurant sa chevelure, le spadassin vint à son oreille.
"Je te remercie de m'accorder cette seconde chance, princesse. Je ne te decevrai plus, puisse ce baiser être mon serment. Que je jure à chaque instant que mon regard se portera sur toi, alors..."
Embrassant de nouveau Yria, Khamsin laissa son regard s'échapper vers le Soleil, dont le disque semblait proche de s'abimer dans les dunes, et revint vers son épouse, heureux que ses sentiments aient perduré ainsi que les siens de la sorte.
*Tu avais raison, Clenalya... Elle le mérite.*

"Tu as toute ma confiance, mon seigneur..."
Heureuse, Yria se sentait apaisée. Ca faisait des mois et des mois qu'elle n'avait plus ressentie de paix intérieure, et sa vie n'en serait alors que meilleure.

Cela faisait si longtemps qu'il n'avait ressenti tel bien-être que l'assassin conserva la jeune femme enserrée dans ses bras, heureux des paroles de sa bien-aimée, apposant son front contre son buste, et s'agenouillant devant la jeune femme, son ombre au devant alors que le jour défaillait.
"Ma princesse aux yeux d'obsidienne... Désires-tu rentrer à Stimbelad? J'en ai parcouru les rues des semaines durant, esperant t'y apercevoir, mais jamais ce ne fut le cas. Aujourd'hui, je peux me sentir libéré, de pouvoir te contempler à l'envie, alors que tout commencera bientot."

Surprise, mais touchée, Yria apposa ses mains sur les joues de son bien-aimé, l'observant, attendrie par ses gestes.
" A Stimbelad, je ne bougeais pas beaucoup, sortant rarement du palais... Je m'occupais de choses et d'autres..."
Ne voulant avouer qu'elle peine elle avait eu lors de la mort de Jacen, la tueuse se concentra sur le fait d'avoir retrouvé son époux.
"Pourquoi ne pas passer la nuit ici, juste tout les deux, loin de la ville, et profitant du paysage du soleil couchant ?"

"Tu fus contrainte de demeurer en ce sérail s'élevant au-dessus de la ville, je m'y suis aventuré un jour, mais de tout ce que je voyais, jamais je ne pus distinguer ta beauté parmi les murs froids de ce palais, une cage de marbre, demeurant geôle pour un oiseau. Ta liberté, je te la laisserai, que la prudence et les cieux t'évitent de t'engouffrer dans la mort, te perdre désormais serait... impansable"
Abaissant le regard, le spadassin se tut un instant, soupirant alors que les mains graciles de la tueuse frôlaient ses joues. Esquissant un sourire, l'assassin reprit, décelant quelque tonalité maussade provenant de la fine gorge de son épouse, mais ne voulant l'embarasser, répondant à sa demande, ainsi qu'il le percevait après l'aveu fait de la jeune femme.
"Restons ici si tu le désires alors, Yria. Il est vrai que cela me rappelle à des souvenirs... qui jamais ne cessèrent de me hanter, de doux rêves, dans lesquelles s'agitait la plus merveilleuse des créatures."
*Ma princesse m'est retournée, et quelques pétales la frôlent en cercle, dansant autour de sa silhouette.*

Souriant, et s'agenouillant à son tour, plaquant les paumes de ses mains sur celles de son aimé, Yria observa touts les traits de son visage, de ce visage qui lui avait tant manqué.
"Que dirais-tu de m'épouser de nouveau, hmm ? A deux, ca ira plus vite, et ainsi, cette promesse que tu m'a faite pourra enfin être cellée, de nouveau."

Se saisissant de la main de la jeune femme, conservant sa paume appliquée contre la sienne, l'assassin déposa un baiser sur le poing de sa bien-aimée, et, s'accordant un temps de reflexion, répondit, son visage laissant apparaître un sourire amusé, qu'il porta à l'attention de la tueuse.
"Une idée plaisante... Oui, même très interessante. Si tu y conssens, je reprendrais les rènes du Burdinuis, et mon retour au trône n'en sera que plus beau en mon coeur si m'est donnée l'occasion de te l'offrir totalement. Voulez-vous bien reprendre tel sinistre abruti pour époux, belle princesse?"

Riant a cette dernière question, Yria répondit sur le même ton, bien que sérieux.
"Si prendre pour épouse une idiote de classe ne te fais pas peur, alors oui, j'accepte, prince de mon coeur."
Souriant, la tueuse observait son mari avec un regard amusé.

"Tu connais ma propension à miser sur la complementarité, Yria. Je désire te prouver que je suis apte à redevenir ton époux, aussi sot sois-je, aussi délicieusement idiote sois-tu, je veux que notre mariage soit à nouveau célébré, que tout le monde te voît aussi belle que tu m'apparais..."
Riant légèrement, venant apposer ses mains sur les joues de la jeune femme, l'assassin l'embrassa de nouveau, amusé de la proposition de sa bien-aimée, comme de ses répliques, empruntes d'une dérision qui marqua tant le spadassin alors que la jeune femme ne lui apparaissait que comme une consoeur s'étant frayé un passage en ses terres pour les plus singulières raisons, qui lui revinrent à l'espirt, mais s'estompèrent rapidement.

Laissant son époux l'embrasser, Yria était souriante.
"Ils vont finir par se lasser de notre mariage, m'enfin, je ne suis pas contre !"
Posant ses mains sur celles de sorel, la tueuse était vraiment sereine, enfin, elle avait droit au bonheur.

"S'il en est pour réprouver, je ne les oblige à venir y assister. Il n'est qu'un être dont l'absence saurait être dommageable, et il s'agit bien de l'ange se tenant devant moi, demeurant à mon niveau."
Appréciant la présence de la tueuse, l'assassin mesurait ses propos, légitimes, mais sachant que même une opposition farouche saurait être avortée, par la parole ou le glaive. Deux ans son épouse avait tenu le royaume du mieux qu'elle pouvait, mais désormais, même si la poigne du spadassin n'était devenue que plus forte, il lui suffisait de la confronter à celle de sa bien-aimée pour que cette résistance n'en soit que plus futile.
"Je te laisse apprécier la chose, Yria. Choisis, me concernant, c'est en ce jour où j'étreins ta main que se scellent à nouveau les voeux énoncés à ton égard."

"Nous choisirons ensemble, Sorel." répondit la tueuse, alors que ses yeux se dirigeaient vers sa propre main.
L'alliance... Elle l'avait toujours gardé, jamais perdue, pas même abimée... Reportant son regard sur son bien-aimé, un sourire supplementaire vint orner ses lèvres.
"Je suis tellement heureuse de t'avoir enfin retrouvé..."