A l'opposé...

"Hmmm... Kernous est encore une cité, mon tendre époux. Trouver un endroit à l'abris du vent ne doit pas être impossible."
Souriant au contact des lèvres de Sorel sur les siennes, Yria restait persuadée qu'il y avait un lieu à l'abris du vent frais de la nuit.

"Soit, demeurent quelques masures ruinées, où nous pourrions nous soustraire au moins au vent..."
Caressant le plat de la main de la tueuse, l'assassin la libéra, puis une fois faits quelques pas se posa sur le crin tour à tour des deux montures, dont Khamsin se saisit des rènes, les menant à allure régulière ponctuée par les sabots claquant sur le sol meuble et quelques rocs enfouis dont émergeait la cime près du feu qu'il avait allumé. Les attachant tous deux, réchauffés assez par le foyer pour supporter les suppliques de ce souffle, le spadassin revint vers sa bien-aimée, sa face éclairée par le brasier laissant apparaître à la souveraine le bras de l'assassin tendu vers une allée, et un regard tendre apposé sur le sien.
"Suis-moi, princesse. Quitte à devoir choisir un sérail de fortune pour t'abriter, autant que je reçoive ton avis, mon aimée."

"Je ne suis pas bien compliquée tu sais, mais je te suis, prince du désert..."
Avec un clinc d'oeil, la tueuse fit un signe de tête à Sorel pour qu'il avance. Après tout, il connaissait mieux Kernous qu'elle, il n'y avait même aucuns doutes là dessus.

"Reste à mes côtés. Par nuit noire, traverser ces sinueuses ruelles peut mener à la perdition, Yria, si jamais on ne les a encore arpentées."
Portant une dernière fois son regard vers les montures, Khamsin le dirigea vers quelques pavés demeurant dans le sol, la plupart ensevelis sous un drap de sable luisant devant le bûcher flamboyant vacillant à quelques pas des assassins. S'assurant que la tueuse le suivait, le spadassin suivait pas à pas le chemin de pierres polies et érodées, supportant les suppliques continues du vent, auquel l'assassin prêtait l'oreille, à l'écoute de l'éther frappant avec vélocité les amas de ruine en serpentant dans les allées. N'aimant guère errer de la sorte en cette cité, qui s'il la connaissait bien conservait depuis plus de deux decennies les cadavres si familiers au garçonnet qui en jonchèrent les rues, Khamsin parvint tout de même face à une bâtisse que ni le temps ni le vent n'avaient trop ébranlés, une esquisse de toiture supportée par des cloisons à peine branlantes subsistant.
"Cela ne semble pas si mal. Néanmoins..."

Ayant suivit Sorel, Yria observait tout autour d'elle les ruelles. Sinitres ? Elle ne pouvait le dire, mais elle ne savait pas non plus pourquoi cetet cité avait été abandonnée... S'arretant de marcher, elle ecouta le spadassin parler, regardant également la batisse.
"Neanmoins..?"

"Les vivants ont déserté ce lieu il y a longtemps, d'autres leur ont succédé. Les Gwegens ont occupé la place quelques temps, puis ont fui lorsqu'ils n'ont plus trouvé de proies, mais chacun sait que le danger perdure, j'en ai fait les frais un jour. Il faut que j'entre en premier, mais ne t'éloigne pas, s'il te plaît, princesse..."
Joignant le geste à la parole, alors que ses ultimes mots s'échappaient de ses lèvres d'un ton bas et posé, l'assassin faisait tout de même tinter la lame luisante du poignard qu'il tirait hors du fourreau pendant sur son flanc gauche, s'en saisissant en renversant la lame, afin qu'un geste sec et ample eut suffit à sectionner la carotide de quelque créature présentant sa gorge au spadassin en ne paraissant que trop menaçante.

Aquiecant aux propos de Sorel d'un hochement de tête assez leger, Yria s'en voulut sur l'instant d'avoir laissé ses armes avec sa monture. Enfin... Elle avait toujours son poignard glissé dans sa botte, elle n'arrivait jamais à s'en separer de celui-là, il avait bien trouvé sa place.
"Ne t'en fais pas, je ne m'éloignerais pas. Je te suis à la trace, et je sais me défendre aussi mon prince. N'oublie pas qui je suis."
Ayant parlé avec un sourire confiant, Yria était sur de ses capacités. Elle avait maintenant des années entières d'experiences, même si parfois, ca ne suffit pas.

"Je ne l'oublie pas, Tueuse à la Rose. Mais il est certaines bêtes qui sont loin de redouter un nom, quelle que soit la reputation qu'il soutend. Sois simplement sur tes gardes..."
Faisant halte sur le seuil, l'assassin en un soupir s'engouffra dans la bâtisse, un cliquetis se faisant entendre lorsqu'une flammèche surgit devant le poing de Khamsin, vacillant depuis le bec de la lampe qu'il brandissait. Son bras paré à la frappe, la démarche lente, le spadassin fit quelques pas, tendant la lampe, qui laissant échapper une lueur pa^le faisait apparaître les cloisons marquées, vers lesquelles vint l'homme, y apposant les doigts qu'il pouvait détacher de la poignée de son arme, et frôlant le mur avec langueur, l'assassin à l'affût d'un moindre signe.
"Il n'y a pas de marques, la poussière et le sable n'ont été soulevés depuis longtemps..."

"Alors, c'est à nous de les soulever mon prince..."
Penetrant dans la batisse à la suite de son mari, Yria observa l'interieur. Ca suffirait amplement pour une nuit, le vent ne s'y engouffrerait pas trop.

Laissant tomber le vêtement couvrant son torse, déjà maculé de la poussière environante et du sable qui à l'extérieur l'avait éffleuré, l'assassin l'apposa au sol, balayant une ultime fois la pièce du regard, à la lueur tremblante de la lampe reposant à ses pieds. S'en resaisissant, Khamsin se laissa tomber sur son vêtement, couvrant la poussière, stagnant sous les trousses et ne saturant ainsi l'air, et en tailleur, maintenant dans sa main gauche le récipient à l'huile incandescente, se plaça face à l'entrée qu'avaient arpenté les assassins, tendant sa main à sa bien-aimée toutefois, l'invitant à le rejoindre, un sourire apparaissant à la lueur du pâle et chétif foyer dansant dans la main droite du spadassin.
"Navré, je n'ai plus confortable à proposer, cela peut te changer des draperies du sérail, mais telle solution est coutume en Burdinuis ma princesse, j'espère que ton experience de tueuse n'est pas tant passée que tu ne peux supporter de demeurer comme cela..."

Rejoignant Sorel en s'asseyant au sol également, Yria se mit à sourire.
"Ca fait longtemps que je n'ai pas dormie tant tel endroit, mais ce ne peut pas me faire de mal. Il y a certaines habitudes qu'on ne peut oublier."
Souriant mysterieusement, Yria sortit le poignard de sa bottine, et le posa au sol.

"Cela ne vaut pas la chaumière délabrée dans laquelle tu t'étais cloîtrée autrefois, mais au moins puis-je me targuer de t'offrir de nouvelles aventures, princesse."
S'amusant de cela, l'assassin apposait la lampe face à lui, se saisissant de son poignard en apercevant celui de la jeune femme retournant à sa gaine, et consciencieusement joua légèrement avec la lame de celui qu'il brandissait, regardant sa lame rutilante alors qu'elle tournoyait en sa main, puis la remit au fourreau, assuré qu'elle soit à disposition.

"Oui, en effet."
Observant Sorel s'amuser avec son propre poignard, la tueuse souriait. Ce moment lui rappelait qu'elle aussi, avant, quand elle attendait, tapie (?) dans l'ombre, une de ses proies. Les poignards avaient toujours été ses joujous préférés lorsqu'elle s'ennuyait.

"Cette bonne vieille chance..."
Sa figure se chargeant d'une expression mélancolique, le sourire s'affaissant, l'assassin porta son regard vers la lampe à la flamme vacillante, puis semblant une ois quelques secondes écoulées sortir de sa torpeur reporta son regard vers la tueuse, dont le visage apparaissait étrangement aux yeux du spadassin sous les coups de cette lumière bien faible, plongeant un flanc de la jeune femme dans l'ombre, qui attira l'oeil de Khamsin, fasciné par cette face lui semblant méconnaissable au premier abord, mais lui inspirant des souvenirs si... agréables.
"Celle là même qui me mena sur la piste d'une enfant aux parents abhorrés. Et qui fit que la fameuse Tueuse à la Rose me laissa tant de traces m'orientant vers elle et sa protégée recluses auprès d'une falaise..."

"Oui... Cette même protégée que j'ai perdue, tout comme Jacen..."
Même si les souvenirs de ces deux protégées étaient forts, Yria ne pouvait s'empecher de perdre son sourire en évoquant la mort des deux jeunes filles, dont une était encore plus jeune que l'autre.

"J'ignorais, pour Jacen... Une brave enfant, toutes deux attentives et courageuses, si l'aridité ne l'a fait, il n'est de larmes qui puissent être soutirées, l'une put au moins apprendre ce que ses parents lui auraient empêché de faire et devenir, la seconde eut la chance d'être avec une femme qui tenait à ce point à elle, c'est une félicité dont elles furent graciées. Si elles doivent subsister en tant que souvenirs, qu'elles demeurent comme des vies réussies qui t'incombent."
Basculant sa tête en arrière, l'assassin contempla la voute de la masure, laissant paraître quelques strates des cieux noirs par les fentes paraissant, laissant pénétrer un léger souffle qui parvenant à son niveau arrachait quelques frissons à sa peau. Revenant à la jeune femme, le spadassin saisit sa main, l'effleurant alors qu'il préssentait la mélancolie dont était imprégénée sa bien-aimée, le décidant davantage à offrir ce qu'il pouvait à la tueuse avant que ses désirs n'en viennent à gésir ainsi que lui et les enfants sous le sable brûlant du Burdinuis, morts.

Soupirant, Yria aquieca d'un hochement de tête.
"Tu as raison, elles n'auront qu'une vie meilleure à présent, du moins, je leur souhaite."
La tueuse esquissa un sourire lorsque son époux lui prit la main, et, dans un excès surement, elle vint directement se blottir dans ses bras.

"Tâche au moins de vivre pour elle désormais. Toute vitalité qu'elles t'ont insufflé t'ont endurcie, tu as su en tirer quelque expérience. Je suis fier de toi princesse, davantage que je ne le suis de moi..."
Enserrant la tueuse avec une force mesurée, déposant un baiser sur le front de la jeune femme, l'assassin profita que sa bien-aimée soit disposée au sein de ses bras, sa nuque frémissante recouvrant sa mesure alors que la peau douce et chaude de la souveraine s'accolait aux bras dévoilés du spadassin, heureux de pouvoir retrouver la jeune femme à ses côtés.

"Je me souviens de la façon dont tu m'avais traité quand tu n'avais plus recouvré ta mémoire, et à y repenser maintenant, ca me fait rire tout de même..."
Souriant, Yria repensait à la façon dont il lui avait parlé alors qu'elle était en prison. La situation aurait put être comique, c'est vrai...

"Ma chère tueuse incompétente... Enfin, les premiers souvenirs me revenant de cette rencontre sont les barreaux d'une cellule étriquée et puante, et d'un elfe puant d'autant plus dans la geôle que tu occupais, face à la mienne, si je ne m'abuse... J'ai été dur, je ne sais si j'ai eu tort, mais je sais au moins que je n'ai rien fait pour t'aider, puisses-tu me le pardonner."
L'assassin se remémorait en effet son retour en Burdinuis, et les actions qui le conduisirent à croupir dans les prisons de son propre sérail... Riant intérieurement au traître qui s'en était saisit, le remord se saisit de lui lorsque lui revint le souvenir des flammes léchant sa cité par sa faute, et du coeur de la jeune femme meurtri sans appel.

"Oh, tu m'a tout de même bien aidé. Peut-être par la dureté de tes propos, tu as réussis à ce que je me resaissise, et ca, ce n'est pas rien..."
Se rememorant également les flammes qu'il y avait à Stimbelad, et le malaise qu'elle avait faillit faire, la tueuse se tue quelques instants. La visions de sa soeur sur le bûcher à sa place la fit avoir également des remords, mais l'attitude que cette dernière avait adopté la refit sourire.

"Peut-être aurais-tu préféré que je demeure ainsi... mais je ne le pouvais princesse. Pour le meilleur ou pour le pire..."
L'assassin se trouvait troublé, devant telle considération. Ne comprenant guère comment la tueuse était parvenue à ce constat, il ne savait comment accueillir cela, et se perdait dans la reflexion, alors que ses mains caressaient les bras gracieux de la jeune femme, délicatement, mais presque machinalement, ainsi que si le spadassin se noyait dans ses pensées à mesure qu'il pouvait sentir la volupté de son épouse à ses côtés.

"Oh, je n'aurais pas aimé que tu restes ainsi tout le temps... Et j'aurais eu beaucoup de mal à te supporter."
Riant legerement, Yria caressa doucement la joue de son bien aimé du dos de sa main, comme sa peau lui avait manqué...

"Et j'espère bien pouvoir t'insupporter encore par mes bizarreries, princesse."
Exhultant de même qu'un bref souffle s'échappait de sa bouche, l'assassin esquissa un sourire, qui ne tint longtemps, alors que saisit d'une légère amertume le spadassin balançait son regard vers les poignets de la jeune femme, lui apparaissant alors que sa main s'égarait le long de ses joues, et laissait paraître aux yeux de Khamsin des liens qu'il s'en voulait d'avoir tissé, l'entravant de la sorte, liant tant ses membres que son coeur.

Ressentant l'amertume qui s'etait legerement emparée de Sorel, Yria déposa un baiser sur ses lèvres.
"Qui y'a-t-il donc, mon prince ? Quelque chose qui te gène ?"