A l'opposé...

"Merci de bien me considérer malgré les évènements, Yria."
Ensemble? Cela faisait bien longtemps que l'assassin n'avait fait quoi que ce soit de concert, l'habitude lui en était ôtée, autant que celui de se trouver face à cette tueuse dont il s'éprit à raison, en ce jour où il la retrouvait. Enserrant davantage la main de sa bien-aimée, le spadassin observait, suivant le regard de la jeune femme, l'alliance trônant à l'un de ses doigts fins, ne pouvant détacher le regard de cet artefact siégeant si bien sur la menotte de la souveraine, envers laquelle Khamsin nourissait encore de la honte, l'un de ces sentiments qui lui fut restauré au fil de sa retraite.
"La peine que j'ai pu te causer n'aurait pas même du être, puisse l'amour que je te porte t'apparaître tant sincère que ces maux en seront appaisés, ma reine."

"Ne t'en fais pas mon prince..." fit Yria en embrassant son bien-aimé.
Elle n'en revenait toujours pas, il était là, bien là... Elle avait tant de choses à lui dire, à lui raconter... Mais ca viendrait plus tard, car pour l'instant, elle profitait.

"Je ne m'en fais plus, il est vrai. Avantage ou point faible, il n'en demeure pas moins que je peux au moins vivre ainsi qu'un être cher me l'a appris, librement. Puis-je lui accorder de profiter de cette liberté qui est la mienne, et qu'en émerge son propre bien-être."
Las de spéculer, l'assassin laissait cette langueur le saisir, alors que ces sensations perdues lui revenaient, se déposant délicatement sur ses lèvres. Les éloignant de celles de la tueuse, Khamsin observa celles-ci avec attention, sa main s'apposant sur la joue de la jeune femme, frôlant le coin de sa bouche, ainsi que si ses traits n'avaient que trop changé.
*Semblant différente malgré moi, mais toujours aussi belle, une sérénité occasionnelle si merveilleuse...*

Laissant Sorel redecouvrir les traits de son visage, Yria souriait.
"Certains de mes traits ont changés, comme ma peau s'est teintée par ce soleil... Quelques uns de tes traits ont changés aussi, mon prince, mais il n'y a aucuns doutes... Tu es le même, le même qui m'ai offert, il y a deux ans, cette fleur alors que tu venais de me sauver une première fois.."

"Par delà nos apparences, nous sommes demeurés pareils, je vois en ces yeux noirs l'âme dont je m'épris il y a longtemps, demeurée la même. Maltraitée, mais si belle, ma princesse... De la fleur que je t'ai offerte, me survivèrent ces ultimes pétales, ils ne sont plus vifs, mais leur beauté demeure. Il en va de même pour l'amour qui porta la main te la tendant, et par une voie ou une autre il m'advenait de t'en faire douter, alors parle, et je saurais faire justice à ce qui sera le pire des parjures."
Regardant la figure de la jeune femme, aux teintes fort hâlées, l'assassin savait tout de même qu'elle demeurait celle qui ainsi que la tueuse le rappela se vit offrir une fleur du spadassin, ne regrettant en rien ce jour.Le Soleil proche du déclin, Khamsin lui accorda un regard, se levant, puis revint vers sa bien-aimée, son pouce frôlant l'une des arcades sourcilières de la souveraine.

Tournant la tête pour observer également le soleil se coucher, Yria se releva une fois que Sorel l'eu frolée. Observant ses propres armes et sa cape par terre, la tueuse alla les ramasser, les rangeant dans une des trousses de sa monture, bien que son épée ne passait pas. Elle attacha cette dernière à la selle, puis regarda son mari.
"Tu sais, maintenant, je ne peux plus me perdre dans ton royaume... Du moins, je crois."
A sa dernière phrase, Yria lacha un leger rire. Chaque ville à ses secrets, et elle ne les connaissait pas tous...

Raillant légèrement, l'assassin adressa un regard à la jeune femme, puis le confondit dans la masse de ruines trônant à quelques pas devant lui, en voyant émerger la figure de sa monture alors que joignant ses doigts, les apposant contre sa langue et ses lèvres, un sifflement bref et aigü retentissait sur la place où s'était réfugiée la tueuse.
"Quoi que tu en dises, il est toujours des lieux qui te demeureront secrets, dont quelque soit le regard que tu portes tu ne pourras observer le coeur, passer la pierre ou la chair, c'est là la cause du renom du Burdinuis, aux secrets aussi nombreux que les lieux de sable dont il recèle. Il est bon de savoir laisser certaines choses nous dépasser, quitte à perdre de vue une voie trop nette. Mais même si tu venais à t'égarer, il demeurerait toujours un moyen de recouvrer ton chemin. Je suis même parvenu à retrouver le mien, après tout, par-delà les océans et les peuples étrangers."
*N'ai-je jamais senti ton coeur battre alors qu'il luttait à la frange de la mort, ne te l'ai-je jamais pris, ni brisé, sans pour autant avoir pu un jour le voir? Depuis qu'un naga nous prit pour cible dans le désert, j'ai renoncé à tenter de le voir, seul le sentir, fort en ton sein et mien me permet encore d'avancer.*

Observant Sorel avec un sourire, la tueuse hocha de la tête, passant ses mains dans la crinière de son cheval.
"Oh, je sais. Des secrets du Burdinuis, je ne connais rien. La seule chose que je peux me vanter d'avoir, c'est toi."
Se demandant pourquoi Sorel avait sifflé dans ses doigts, Yria se rapprocha de son bien aimé, la mine surprise.

"Quel maigre lot de consolation, n'est-ce pas. Mais si cela m'est possible, je te ferai découvrir ceux que je connais moi-même, en bon djinn que je suis. Je veux te faire voir des faces inconnues mais plus belles à mon goût que celle bien sombre que tu entrevues ces deux ans durant, si cela est de ton goût, bien sûr."
Souriant, Khamsin s'amusa de la reflexion de son épouse, la regardant jusqu'à ce qu'une forme lui apparaisse depuis le point où il avait fait halte. Voyant son canasson s'approcher la démarche lente, mais le sabot se pressant, à l'appel de son maître, l'assassin se saisit de ses rènes lorsqu'il fut à portée, et le mena près d'un muret ruiné, proche de la monture de la tueuse. Son cheval entravé par une masse de roc retenant ses liens, le spadassin revint vers la jeune femme, puis scrutant brièvement les cieux saisit avec attention le fin poignet de sa bien aimée, s'y attardant à la lueur orangeâtre subsistant du Soleil déjà du quart plongé dans les dunes paraissant au loin, sa forme fluctuant sous la vision déformée parvenant aux assassins de l'astre par-delà les plaines de sable fulminantes, sur lesquels le vent s'était accalmit, de même que sur la ville en ruines, sous les suppliques du Seigneur de l'Ether.

"Cela est tout à fait de mon goût, seigneur. Et ce lot de consolation, comme tu dis, vaut plus que n'importe qu'elle richesse en ce monde."
Souriant, Yria pencha legerement sa tête sur le côté. Elle faisait bien gamine la tueuse, ca qui eu pour l'effet de l'amuser encore plus, bien qu'elle reprit assez rapidement son propre caractère.
"J'aime ces couleurs" fit-elle en parlant du soleil qui deverçait sa lueur orangée sur les dunes de sables du désert.

Ne répondant aux premiers propos de la tueuse, touché par cette pensée, l'assassin souffla seulement légèrement, laissant son visage paraître de la capuche blanchâtre qu'il repoussait vers sa nuque, et observant ainsi avec attention les teintes douces qu'arborait le désert, noyé dans ce sang pigmentique que deversait le Soleil en déclinant, alors qu'il conservait le poignet de sa bien-aimée dans sa prise.
"Un phénomène que l'on nous envie de par Ternoluis. Il n'est personne avec qui il est plus agréable de partager ce trésor... qu'avec toi, ma princesse. Un astre qui décline, une vie qui s'achève... mais en ta compagnie, ce n'est précurseur que d'une nouvelle, sur laquelle plane un astre aux lèvres si fines, et à ce teint hâlé si délicieux."

"En parlant de vie qui commence... Je voulais savoir si..."
Hesitante, Yria se mordit legerement les levres, elle finit alors par renoncer et sourit à son mari.
"Non rien oublis, une pensé qui m'a effleuré l'esprit, pas bien importante."

"Chaque parole est une flèche décochée, princesse. Voici qu'elle frappe mon interêt, déscelle ces lèvres je te prie, avant que je n'en meure."
Par delà cette tournure, l'assassin joignait le geste à la parole, effleurant le coin des lèvres de la tueuse, la regardant amusé, et accueillant avec un sourire celui de son épouse, accusant une gène dont ne sut que penser le spadassin.
"Toute pensée n'est pas mauvaise, révèle-la, les mots ne sont entachés de l'opprobre reposant sur les actes après tout, Yria."

"Certe, mais parler de ca alors qu'on vient à peine de se retrouver, est démesuré je pense. Du moins, c'est mon avis, pour l'instant..."
Baissant les yeux, Yria reflechissait. Pourquoi ca lui avait traversé l'esprit maintenant, et pas dans quelques mois ? Tss...

"Démesuré? Allons, l'esprit peut bien se le permettre, même tel tyran que moi le sais, ma princesse..."
Bien que désolé que la tueuse n'ose se confier, l'assassin laissa la part belle au silence quelques instants, portant son regard vers le Soleil déclinant, puis reprit, affichant un pâle sourire, reprenant quelque vigueur alors que du regard il croisait le visage de sa bien-aimée, dont il effleurait les joues de sa main, puis cessait.
"Ce n'est rien, je ne tourmenterai plus ton âme de quelque sorte, je te l'ai dit, je te laisse en paix alors. Tu es seule maîtresse de tes pensées, ma reine..."

Souriant, Yria prit cependant les mains de son mari dans les siennes. Respirant un bon coup, elle ne savait par où commencer.
"Je ne peux rien te cacher, et ne veux rien te cacher... Alors, soit, je vais te dire ce que... Enfin, voilà..."
Presque cripsée, Yria se trouvait bien sotte. Elle qui revait autrefois de liberté, voilà tout le contraire, ou presque...
"Le Burdinuis n'a aucune descendance mon prince. Il faudrait peut-etre songer à... Enfin..."
Se trouvant legerement rougissante, la tueuse ne finissa pas sa phrase, baissant de nouveau les yeux. *Et voilà, la gaffe est faite, bravo, tueuse...*

"C'est donc cela qui te trouble autant, Yria... Je comprends d'une part, mais dois avouer ne pas saisir ce qui scellait ainsi tes lèvres, princesse."
Se taisant un instant, l'assassin contempla son épouse, dont la gène paraissait sur son visage d'une façon que le spadassin ne put s'empêcher de trouver charmante, plus encore que l'étreinte de sa bien-aimée, enserrant ses mains avec une force qui, loin d'effrayer Khamsin, le laissa songeur, avant qu'il ne puisse reprendre, assuré, mais confiant envers la jeune femme.
"Que crois-tu, que je n'y ai un jour songé, ma reine? Assurement, mais, loin de vouloir te peiner, un enfant, même pour créature si experte et douce que toi, constituerait une de ces entraves dont je savais que tu ne voulais, auparavant. Ne sois pas génée, ma princesse, cela ne vaut que tu sois peinée, bien que ce teint te sied à merveille. Tu es libre, vois où se situe le seuil de ta liberté, quelle qu'elle soit, je te protegerai de toute alienation, vois ce qui est bon pour toi, uniquement, princesse aux yeux d'obsidienne..."

Surprise, mais soulagée, Yria reprit d'un ton plus assuré.
"Ces deux années sans toi m'ont faite réflechir tu sais... Mais, cet enfant que je souhaite avoir, je veux que toi aussi tu le souhaite. Je ne veux pas que tu fasses ca pour mon bonheur à moi, mais pour le tiens, le notre... Je ne veux pas également que ca entrave ta liberté, mon prince. J'entrave la mienne, car là est ma décision, mais après tout, il faut bien qu'un de nous deux reste actif."
Finissant sa phrase avec sourire, la tueuse était détendue. Après tout, s'occuper d'un enfant lui donnerait quelques vacances, enfin... Question assassinats bien sur.

"Crois-le ou non, tu représentes la seule liberté que je désire, celle d'être à tes côtés. Je n'ai qu'une pâle experience de la vie de famille, après tout, mais... si jamais tu le désires réellement, alors peut-être pourra-t-on former notre propre vie, ainsi."
Plongé dans la relfexion, l'assassin accorda un regard au Soleil dont seules quelques lueurs se projetaient encore sur les étendues de sable, et, approchant la main de la tueuse de ses lèvres, les apposa sur son plat, certain de sa décision, si celle de sa bien-aimée était prise.
"Je veux moi aussi que prenne vie notre famille, ma princesse. Je préserverai ta liberté, au prix qui sera necessaire, pour bâtir notre existence, ensemble. Concevoir un enfant avec toi sera l'une des plus belles choses qui me sera arrivée, Yria, si c'est là ce que nous voulons tous deux..."
*La première, c'est bien toi, princesse...*

Etant toute souriante au fur et à mesure des paroles de Sorel, Yria se retenait de s'extasier pleinement.
"Oh, je suis si contente mon prince... Par contre, un seul suffira je pense !"
Riant, la tueuse n'en pouvait plus et sauta au coup de son mari, l'embrassant pleinement.
"Oulalala... Quelle journée, n'est-ce pas ?"

"Cela en fait une, ne m'importe que le fait qu'elles soient toutes aussi belles, à ton coeur comme au mien, ma princesse."
Serrant la tueuse dans ses bras, l'assassin savoura le baiser échangé, et sépara ses lèvres de celles de la jeune femme, laissant sa main s'égarer sur ses joues, une brise effleurant jusque là celles-ci caressant le plat de la main de Khamsin, laissant apparaître un sourire de satisfaction, alors qu'il s'impregnait de la joie dont semblait prise sa bien-aimée.
"Un enfant, cela en sera déjà beaucoup pour mon coeur, toi qui t'en fit reine, mon amour au regard de jais..."

"Oh, je pense que tu arriveras à surmonter cette épreuve, mon prince. Un enfant, c'est un cadeau, bien que lorsque ca grandit... Et lorsque ca ne fait pas ses nuits... Enfin, on s'en sortira."
Un sourire sur les lèvres, Yria lacha un soupir de contentement. *Tout va merveilleusement bien, esperons donc que ca dure...*

"Cela serait en effet un comble, que la Tueuse à la Rose et l'assassin qui survécut par deux fois à la mort ne sachent s'occuper d'un enfant..."
S'amusant à cette idée, bien que n'affichant qu'un faible sourire, son ton conviant davantage à la plaisanterie, l'assassin délaissa la jeune femme, et vint porter la main à une trousse pendant sur le flanc gauche de sa monture, en tirant une lampe, et une pierre aux contours aiguisés. Mettant genou à terre, tirant quelques caillous des ruines environantes, le spadassin les mit en cercle, disposant en son centre quelques vegetaux qu'il tirait de sa propre trousse, puis versant un fond d'huile fit apparaître des étincelles qui au frottement de la cuirasse de la lampe et de la singulière roche vinrent se jeter sur l'amadou, qui alimenta un foyer partant rapidement, sur lequel Khamsin laissait de nouveau tomber quelques autres plantes, brûlant plus lentement et surement. Alors que le voile de la nuit commençait à s'étendre, débordant les ultimes rais de lumière perçant depuis les dunes gisant ci-devant, à la lueur du foyer l'assassin revint vers sa bien-aimée.
"Une décision importante, à laquelle tu m'as ralliée aisement, Yria. Je n'ai plus qu'à laisser ce feu chauffer mes mains, et le brasier dansant dans tes yeux réchauffer mon âme..."

Observant son époux allumer un feu, Yria songea qu'elle resterait toujours admiratrice devant ses capacités. Jamais elle n'aurait songé à ca... Enfin...
"Tu m'étonnera toujours, mon prince. Quant à te réchauffer, m'en occuper est un honneur..."

Couvrant la tueuse, usant de son affinité pour l'éther, l'assassin ne pouvait toutefois entraver pleinement les bourrasques soufflant avec tant de puissance sur la place, d'ordinaire de jour d'une chaleur suffoquante, mais se chargeant la nuit d'un froid terrible qui mettait à mal la peau et le sommeil des bédouins s'attardant dans le désert, et pis encore dans de sinueuses places où s'engouffrait avec d'autant plus de violence le vent glacial.
"Les vents sont impitoyables en ce lieu, si tu t'en souviens, Yria... Mais je protegerai ces deux foyers du mieux qu'il me sera possible, princesse."
Déposant un baiser sur les lèvres de la jeune femme, le spadassin approcha les mains de sa bien-aimée du feu, vacillant sous les frappes fluctuantes de l'éther.